La réunion-débat en webinaire a eu lieu le Mercredi 26 mai 2021 à 18h
Les vidéos de la séance
A l’évidence, la crise sanitaire a encore aggravé les inégalités entre les femmes et les hommes. Précarités sociales et économiques accrues, «charge mentale» plus pesante que jamais, violences intrafamiliales de plus en plus fréquentes, tout cela fait partie de la dégradation de la situation engendrée par la pandémie et ses conséquences sur la vie quotidienne. Les femmes sont majoritaires dans les secteurs de «première ou deuxième ligne», les plus exposées au danger sanitaire. Elles le sont également dans nombre de secteurs particulièrement sinistrés par la crise (tourisme, hôtellerie, restauration, commerces etc.). La précarité, dont elles sont encore les principales victimes, a explosé dans cette période. Beaucoup plus que les hommes, elles vivent le télétravail en supportant le poids des tâches domestiques et parentales.
Redonner toute sa place au combat pour l’égalité est une priorité majeure. Tel est l’objet du débat organisé en webinaire par nos six fondations.
Modérateur : Alain OBADIA de la Fondation Gabriel Peri
Avec
Rachel SILVERA
Myriam CHATOT
DÉBAT
Rachel SILVERA, économiste, est maître de conférences à l’université Paris-Ouest Nanterre La Défense, chercheur associée au CES (Centre d’économie de la Sorbonne) et membre du réseau de recherche « Marché du travail et genre » (Mage). Elle a codirigé « Comparer les emplois entre les femmes et les hommes. De nouvelles pistes vers l’égalité salariale » (La Documentation française, Paris, 2010).
Myriam Chatot, sociologue, docteure de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et actuellement post-doctorante à l’Institut de Recherches Interdisciplinaire en Sciences Sociales (IRISSO) – Université Paris-Dauphine dans le cadre d’un projet de recherche européen sur les effets de la pandémie du Covid-19 sur les familles en France, en Suisse et en Suède, co-autrice de Familles en confinement, à paraître en juillet 2021 aux éditions du Croquant.
Un livre qui permet de comprendre comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle : un espoir est à reconstruire en confrontant ces réflexions aux questions posées par les Gilets jaunes.
Que peut-il bien y avoir de commun entre Mai 68 et le mouvement des Gilets jaunes ? Cinquante ans après, les objectifs mis en avant par les mouvements de contestation trouvent un écho dans le soulèvement des Gilets jaunes. Le mouvement des Gilets jaunes s’inscrit dans la chaîne de mouvements populaires porteurs d’aspirations démocratiques radicales qui se sont manifestés à l’échelle internationale depuis les années 1960. Pour renouer ce fil avec 68, l’auteur étudie avec précision ce qui s’est passé, dans les entreprises, les services, les villes et les universités, ce qu’ont fait les divers partis et organisations afin de tenter d’élucider pourquoi il s’agissait alors d’une « révolution sans révolution ». De longue date, la protestation sociale est porteuse de préoccupations écologiques, de la demande de transformation radicale du travail, d’une volonté d’organisation collective des entreprises, des services publics et de la société, une autogestion généralisée, une démocratie démocratisée. Les mouvements populaires et les contestations radicales composent une sorte de projet, un espoir autant qu’un programme qui reste à écrire : Mai 68 est un arbre de la liberté comme le furent ceux plantés en 1793 en France.
Pierre COURS-SALIES, sociologue, a été professeur à l’Université Paris 8-Saint- Denis. Il a publié La Liberté du travail (Syllepse, 1995) ; Les Mobilisations collectives (avec Michel Vakaloulis, PUF, 2003) ; Le Bas de l’échelle (Érès, 2006) ; il a également présenté Pierre Naville, Vers l’automatisme social : machines, informatique, autonomie et liberté (Syllepse, 2016).
Abraham BEHARa été membre du bureau national du PSU et secrétaire généraladjoint du SNESup en mai 68
Bénédicte GOUSSAULTsociologue, a été maître de conférence à l’université Paris12 Créteil, elle est membre du comité de rédaction des revues Contre-Temps et Cerises
Le mouvement contre la « contre-réforme » des retraites dure maintenant depuis plus d’un mois. De nombreux secteurs professionnels s’y sont engagés à un moment ou à un autre. Ce mouvement est largement appuyé par l’opinion publique.
Pourtant même s’il a fait quelques concessions sur son application, le gouvernement ne cède pas sur le fond de son projet, l’instauration d’un régime unique par points, et semble inflexible.
Comment sortir de cette situation ? Que faire pour pouvoir gagner ?
Louis WEBER Pour les 6 Fondations
Pierre KHALFA Copernic ancien porte parole de l’Union Syndicale Solidaires
Le principe de fixer une limite supérieure aux plus hauts revenus – un « seuil de richesse » ou un « revenu maximal » – progresse dans l’opinion publique. Cependant, les propositions concrètes qui sont formulées retiennent des objectifs conventionnels (un écart maximum de 1 à 10, ou 20,…) : mais leur caractère arbitraire ne permet pas de légitimer aux yeux de l’opinion publique le principe, pourtant nécessaire, d’un plafonnement des revenus.
Quel niveau de revenu est alors compatible avec une égalité minimum ? On propose une démarche permettant de définir un objectif cible concret susceptible de rassembler, sur un horizon de moyen ou long terme, un large consensus, aussi bien dans la population que dans les forces sociales et politiques soucieuses de faire avancer ce projet.
Limiter l’inégalité de revenus ne constitue bien sûr qu’une étape dans un projet plus vaste d’émancipation qui devrait viser également à limiter l’inégalité des patrimoines, laquelle structure de façon bien plus déterminante les inégalités sociales. On montrera que le plafonnement des revenus permet également de progresser de façon significative vers ce second objectif.
Avec Pierre Concialdi, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), co-auteur du livre de la fondation COPERNIC : Vers une société plus juste – manifeste pour un plafonnement des revenus et des patrimoines,Paris, Les liens qui libèrent, 2019)
Débat introduit par Stéphanie Trillet, maitresse de conférences en économie.