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Les cadres aujourd’hui

Mots-clés : Organisation du travail, Temps de travail

20 Avril 2017 • Jean-Claude Barboul

Les cadres d’aujourd’hui sont des salariés à part entière mais pas tout à fait comme les autres, comme l’explique Jean-Claude Barboul, Secrétaire Général des cadres CFDT.

Pour les cadres, le CDI n’est pas forcément leur seul horizon, ils travaillent de plus en plus hors de l’entreprise, sont rémunérés de façon particulière (soit hors RTT, soit sur la base du forfait-jour), et vivent de plus en plus une interpénétration de la vie professionnelle et de la vie privée (d’autant que le milieu s’est fortement féminisé).

Dans les pays européens, on parle de « professionnels » et de « managers », ce qui recouvre en fait mieux leurs activités. La « révolution numérique » impacte fortement leur travail, dans la façon de le concevoir, et dans les modes de contrôle. Ils ressentent fortement une injonction paradoxale à l’autonomie qui suppose un engagement important dans l’activité de l’entreprise mais sans que, dans le même temps, la gouvernance de l’entreprise ait été modifiée et que des lieux existent pour le dialogue professionnel. D’où leur forte demande de possibilité réelle d’autonomie et de regard critique.

Jean-Claude BARBOUL est secrétaire Général des cadres CFDT. Il a exercé différentes fonctions dans le domaine de la protection sociale et de l’emploi. Il est administrateur des régimes de retraite complémentaire Agirc-Arrco et du groupe Ag2r La Mondiale. Il a publié notamment Vers de nouveaux droits pour les cadres -reconnaître la fonction de management et de l’expertise, Revue CFDT n° 465-466, 2015.

Fin du travail ou plein emploi ? (2)

Mots-clés : Chômage, Pauvreté, Productivité, Temps de travail

22 Mars 2017 • Sabina ISSEHNANE

Fin du travail ou plein emploi ? Une rencontre débat avec Raphaël Liogier et Sabina ISSEHNANE  dans le cadre du cycle des séminaires FACE AUX GRANDES TENDANCES DU CAPITALISME CONTEMPORAIN QUE PEUT ETRE AUJOURD’HUI UNE POLITIQUE « A GAUCHE » ? 10ème séminaire

Sabina Issehnane est économiste. Elle constate que beaucoup d’affirmations faites par certains économistes (l’informatisation entraîne des gains de productivité, le chômage est une conséquence de ces gains de productivité…) n’ont pas, dans les faits, été constatées voire ont été démenties. Les « Trente Glorieuses » ont  été une période à la fois de gains de productivité et de plein emploi. Dans les deux derniers siècles la productivité du travail a été multipliée par trente, la production par vingt-six, et la durée individuelle du travail a été divisée par deux.
L’avenir est donc pour le moins incertain !
Et le présent nous montre que le chômage n’est pas lié à l’accroissement de la productivité mais plutôt au partage de la valeur ajoutée qui s’est fait en faveur du capital et au détriment du travail.

Aujourd’hui la question est de savoir comment diviser le travail : de manière individuelle (contrats courts, précaires, temps partiels…) avec accroissement de la pauvreté, ou partage collectif via une régulation collective du temps de travail : abaissement de l’âge légal du départ à la retraite, diminution de la durée hebdomadaire du travail, augmentation des congés payés…

Certes l’emploi peut être source d’aliénation, mais il est aussi facteur d’émancipation dans la mesure où il permet à chacun.e de subvenir à ses besoins.

Au-delà de toutes ces questions se pose donc l’enjeu du projet de société que l’on veut construire.

Sabina ISSEHNANE est maître de conférences à l’Université Rennes 2 et chercheure associée au Centre d’études de l’emploi. Ses domaines de recherche sont l’économie du travail et l’économie de l’éducation, plus particulièrement l’insertion des jeunes, les transitions formation-emploi, les politiques de l’emploi et de formation professionnelle. Elle est coauteure de Le plein emploi, c’est possible ! (Syllepse, 2016).

Temps de travail et temps sociaux

Mots-clés : loisirs, Temps de travail, Temps partiel

Novembre-Décembre 2016 • Michel Lallement

Objet polémique par excellence, le temps de travail est le siège d’un paradoxe majeur. Alors même que le fait de posséder un emploi demeure l’une des préoccupations centrales des français, le temps que, dans notre existence, nous consacrons aux activités productives n’a jamais semblé aussi restreint. Il se trouve en effet que même si la durée réservée aux occupations professionnelles a diminué, le temps de travail demeure déterminant des rythmes qui structurent notre vie sociale. La raison en est simple. Nous sommes débiteurs d’une histoire, celle du capitalisme en l’occurrence, où le travail a toujours tenu un rôle majeur. Depuis les premières réglementations au XIXème siècle jusqu’au passage aux 35 heures en 2000, l’histoire du temps de travail en France pourrait être assimilée à celle d’une longue et patiente conquête vers toujours davantage de temps libre. Le constat d’une baisse tendancielle du temps de travail ne signifie que tous les travailleurs en ont pareillement bénéficié. La durée du travail demeure même en réalité un critère de distinction sociale extrêmement marquant. Le temps partiel reste en la matière un puissant facteur de discrimination. Temps de travail, temps des loisirs et temps du travail domestique ont évolué vers plus de flexibilité, moins de collectif et un partage du travail domestique même si de puissants mécanismes sociaux continent à faire obstacle à une parfaite égalité des genres.

La transformation des temps – Débats de l’ITS N°6

Mots-clés : Flexibilité, Précarisation, stratégie syndicale, Temps de travail

4ème Trimestre 2016 • Michel Lallement, Chantal Nicole-Drancourt, Philippe Tancelin, Sophie Binet, Eric Beynel, Dominique Hénon

Dans les numéros précédents des Débats de l’ITS, notamment le numéro 2 (« Les liens sociaux en question. Précarités ») et le numéro 5 (« Les reconfigurations du travail ») nous avions eu à plusieurs reprises l’occasion de rencontrer la question du/des temps. Ce numéro est entièrement consacré à cette question.

Deux idées semblaient, au départ, dessiner un nouvel espace temps, un nouveau rapport aux temps (de travail, de vie…) : d’une part, depuis au moins deux siècles, une tendance continue à la baisse du temps de travail, d’autre part, depuis au moins quelques dizaines d’années, une aspiration à vivre autrement qu’à travers le travail.
Pourtant ce regard ne semble plus concorder totalement à la réalité de ce qui est vécu aujourd’hui : face à « un travail sans limites » (pour reprendre le titre d’un ouvrage de Patrick Cingolani) la question de la centralité du travail dans le temps de vie semble revenir en force.

Michel Lallement et Chantal Nicole-Drancourt, sociologues, proposent un panorama des approches possibles. Des syndicalistes : Sophie Binet (UGICT-CGT), Eric Beynel (Solidaires), Dominique Hénon (CFDT) livrent d’autres points de vue. Jacques Rigaudiat, économiste, revient sur l’expérience française des 35 heures. Philippe Tancelin, avec ses mots de poète, évoque le « corvéable à merci ».
Certes, les temps se transforment, mais pas toujours dans l’harmonie !

Textes :

Michel Lallement
Temps de travail et temps sociaux. Une mise en perspective et quelques enjeux
Chantal Nicole-Drancourt
Transformation du rapport au temps et au travail ou transformation des régimes de temporalité ?
Philippe Tancelin
De la porosité des temps chez le corvéable à merci
Jacques Rigaudiat
Quelles leçons tirer de l’expérience française des 35 heures ?
Sophie Binet
Le taylorisme n’est pas mort
Eric Beynel
La question du temps reste un marqueur central
Dominique Hénon
Les temps de l’incertitude

Editions Bruno Leprince, décembre 2016 – 78 p.

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