L’avènement de la Ve République conduit à une réflexion sur la démocratie : sa nature, sa forme et sa fonction et sa nécessaire évolution. Il semble qu’il n’existe pas — dans l’absolu — d’institutions démocratiques modèles, il ne peut pas exister non plus de régime démocratique modèle. Un régime, dit démocratique, ne peut donc être défini comme étant celui où — une fois pour toutes — la démocratie existe. En réalité, elle n’existe nulle part, elle est un objectif, elle n’est pas une situation. La démocratie ne se juge-t-telle pas plutôt comme le degré de participation des citoyens à l’ensemble des affaires publiques ? Un régime démocratique c’est celui dont les institutions favorisent, organisent la tendance à la démocratie. Comment peuvent s’articuler démocratie et liberté individuelle ? Quelle est la place de l’économie dans la démocratie ? La démocratie économique n’est-elle pas objectivement une démocratie indirecte ? Outre le cadre institutionnel, il semble que les partis, les cadres syndicaux, les animateurs culturels ou sociaux, le milieu associatif constituent un milieu vivant qui fait partie de la rénovation sociale exigée par la rénovation démocratique. Cela pose aussi la question de la formation à l’exercice démocratique tout au long de sa vie et dans tous les contextes.
Cet article « Démocratie et décentralisation régionale » paru dans la revue Perspectives Socialistes constitue l’essentiel du rapport sur « La région, aspects politiques et sociaux » présenté par M. Jean-Louis Quermonne, Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques et Directeur de l’Institut d’études politiques de l’Université de Grenoble au « Colloque sur la région » qui s’est déroulé à Lyon les 6 et 7 avril 1962. Depuis quelques années, un grand nombre de mesures législatives et réglementaires sont intervenues pour favoriser l’expansion régionale. La nécessité de réaliser la promotion régionale recueille une adhésion de plus en plus large. Pour cela il faut avoir un minimum d’exigences sans lesquelles la « Grande Région » ne pourrait voir le jour. Il est nécessaire d’avoir un équipement administratif approprié et de qualité, la participation des forces politiques et sociales et de mettre en place une véritable information et formation des citoyens. Il faudra prévoir également la répartition des compétences, la participation régionale à l’exercice du pouvoir et combattre la fausse idée de la suprématie parisienne.