Le marxisme, l’Etat et son dépérissement

Mots-clés : Socialisme

12-18 Juin 1976 • Henri Lefebvre, Victor Leduc, Guy Perrin

« Le marxisme, l’Etat et son dépérissement » est le titre d’un interview d’Henri Lefebvre par Victor Leduc autour d’une réflexion sur l’Etat et donc, de la question du pouvoir dans le monde moderne, en s’appuyant sur les textes de Marx. Marx explique le dépérissement de l’Etat à partir de La Commune et rappelle comment la révolution politique brise l’Etat bourgeois et le mène au dépérissement. Henri Lefebvre démontre que l’Etat est gestionnaire de l’ensemble social et qu’à ce titre, il domine la société civile, prend en main l’économie et la croissance mais dispose aussi de l’armée, de la police et dans une large mesure de l’appareil judiciaire. Henri Lefebvre retient comme fil conducteur de l’analyse de l’Etat moderne les deux aspects fondamentaux de l’Etat : la gestion et la violence. L’auteur analyse également la mondialisation de l’Etat dans laquelle ceux-ci se superposent aux autres marchés, c’est-à-dire ceux de la force de travail, des marchandises, des capitaux. Le marché est inter-étatique et porte notamment sur les armes et les armements. En cela il est « terricide ». Enfin il aborde la question de la transition qui est un concept important mais difficile à définir et s’explique sur le mode de production étatique (MPE).

Technique et liberté

Mots-clés : Capitalisme, lien social, Politique industrielle

28 Mai - 4 Juin 1976 • Pierre Samuel

Technique et liberté ne cohabitent pas toujours aussi bien qu’il pourrait y paraître. Les découvertes de l’agriculture, de l’élevage, du feu, etc., et les captations de diverses sources d’énergie semblent avoir libéré les hommes — ou au moins, une partie d’entre eux — de la faim, du froid et de quelques maladies ou calamités. La gauche a donc eu confiance en la technique. Or, on s’aperçoit de plus en plus de l’existence de techniques aliénantes et créatrices de nouvelles contraintes. Il faut se rendre compte qu’une technique n‘est pas neutre lorsque son emploi implique une organisation sociale d’un type déterminé. La révolution verte, l’informatisation, l’élimination des déchets… entraînent des organisations qui modifient la production vers la dépendance ou l’abrutissement et crée de graves situations d’endettement, de surproduction ou de destruction des stocks. Il serait vain de compter changer les rapports de production sans changer en même temps le mode de production.

Frédo Krumnov : Prendre en charge son destin

Mots-clés : Socialisme autogestionnaire, stratégie syndicale

6-13 Mai 1976 • Frédo Krumnov

Frédo Krumnov vient de publier « CFDT au coeur » dans lequel il explique que le but de l’orientation autogestionnaire est de faire prendre en charge par les travailleurs leur destin. Il ne s’agit pas d’aller vers une plus grande participation des travailleurs au niveau des différentes instances de gestion, mais d’un transfert total du pouvoir de la propriété privée, de la bureaucratie et de la technocratie, à la collectivité de base des travailleurs. Il s’agit pour la collectivité des travailleurs de se donner pour commencer les structures qu’elle imagine elle-même et qu’elle trouve les plus adaptées à une prise en charge collective pour une meilleure expression démocratique. Ce qui est important pour une organisation syndicale c’est de ne pas laisser tout cela au hasard de la spontanéité mais au contraire d’incorporer cet objectif dans sa stratégie. Par ailleurs, une stratégie de prise de pouvoir ouvrier par l’action de masse pourrait provoquer le déséquilibre fatal au pouvoir capitaliste de l’Etat et des patrons, et faire avancer des objectifs allant nettement dans le sens d’une société socialiste autogérée.

L’autogestion, une utopie réaliste

Mots-clés : Politique Économique, Socialisme

18 Avril 1976 • Marion Lay

Utopie. Autogestion. Une telle association peut sembler bien provocatrice… surtout à quelques mois des états généraux pour l’autogestion socialiste décidés par le P.S.U. Pourtant ce sont les idées les plus utopiques qui ont fait avancer l’organisation de la société, la science ou encore la politique. Marion Lay dans son article cite Victor Fay : « « L’idée de l’autogestion hante depuis longtemps les travailleurs, c’est un projet qui remonte des profondeurs de la conscience populaire chaque fois que les masses se mettent en mouvement… Elles incorporent dans ce projet grandiose une part de rêve ; il importe donc d’en dégager ce qu’il y a de rationnel de ce qui ressort de l’imaginaire. » L’utopie de l’autogestion c’est l’utopie de la liberté lorsqu’elle prend conscience de tous ses moyens, au contraire de la bureaucratie qui est l’interdiction de l’utopie. Il s’agit donc d’intégrer cet imaginaire collectif dans le concret pour pouvoir vivre autre chose dans une société bourgeoise lissée, sans rêve donc sans avenir.

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