Les dissensions au sein du mouvement communiste sont apparues lors de l’éviction de Chélépine du bureau politique soviétique. Brejnev, qui était dit malade, a repris en main la direction et a mis en route les préparatifs du 25ème Congrès. Il serait aventureux de croire que la chute de Chélépine annonce la libéralisation et une ouverture de l’URSS. Il ne faut pas s’attendre à des concessions majeures en ce qui concerne la libre circulation des hommes et des idées, ni à la diminution effective de leur présence militaire en Europe, ni à une libéralisation de la politique intérieure. Seule une ouverture à la technologie occidentale, par nécessité, tend à élargir les échanges de l’URSS avec les grands pays industriels. L’accueil chaleureux de Mitterrand à Moscou ne change rien. Le PCF, qui ne compte pas prendre le pouvoir en France, parait peu pressé de jouer un rôle de second dans un gouvernement dominé par les socialistes. Ceci explique leur raidissement tactique qui, se greffant sur la division des forces ouvrières, contribue au maintien du statu quo politique en France.
La défaite US en Indochine est aujourd’hui une réalité car Thieu a enfin démissionné. Cette démission était prévisible compte tenu de la débâcle de l’armée saïgonnaise et de la décomposition du régime de Thieu devant l’offensive des forces révolutionnaires vietnamiennes. Le GRP, à l’annonce de cette démission, a réaffirmé son objectif de formation « d’une administration favorable à la paix, à l’indépendance et à la concorde nationale et qui accepte d’appliquer les accords de Paris ». Le tandem Ford-Kissinger s’obstine dans sa tentative de sauver la mise et appelle « toutes les parties intéressées pour l’ouverture des négociations », mais il est trop tard. L’impérialisme américain devra s’incliner définitivement devant sa défaite majeure face aux révolutionnaires vietnamiens qui ont su combiner toutes les formes de la lutte militaire à l’action politique et sociale. Saigon est tombée et a été rebaptisée « Ho Chi Minh-Ville » tout reste à construire et la tâche qui incombe au GRP est immense.
Après cinq années de guerre, les révolutionnaires du Cambodge récoltent les fruits de la victoire. Ils ont fait une entrée triomphale à Phnom Penh. Le GRUNK et le FUNK ont pu faire échec en 1970 à l’agression directe des troupes américaines, provoquer la déroute des mercenaires envoyés par Saigon en 1971 et celle des troupes de Lon Nol en 1972. Ils ont, en 1973, dominé les bombardements et le génocide américain et ont aujourd’hui pu libérer Phnom Penh. A la base de toutes ces victoires se trouve le pouvoir populaire organisé à travers les forces armées et dans toutes les associations et lieux de vie. Ces organisations réunies en Congrès dans les zones libérées ont ainsi pu affirmer la naissance d’un Cambodge authentiquement « indépendant, pacifique, non aligné et démocratique ». Une ligne politique a été définie tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur pour la totalité du pays.
L’enjeu d’aujourd’hui, pour l’Indochine, c’est Saigon et sa chute escomptée. Cette ville n’est pas seulement la capitale du Sud-Vietnam, c’est aussi en puissance, une capitale pour toute la péninsule indochinoise. Etant donné sa position par rapport à la Malaisie et à l’Indonésie, elle est un des centres essentiels de tout le sud-est asiatique. Les combats actuels et la démission programmée de Thieu, comme la chute de Lon Nol, vont poser au GRP la question de la voie vers laquelle va s’engager le nouveau Vietnam. C’est sans doute dans la voie du non-alignement qu’il trouvera les plus grandes chances de réussite. Il s’agit de questions importantes et significatives pour l’aspect révolutionnaire et socialiste que le Vietnam a mené depuis 30 ans.