26 Avril - 10 Mai 1972 • Jacques Rennes, Bernard Jaumont
Les Vietnamiens ont lancé une offensive massive contre la bête impérialiste qui se désespère d’obtenir une victoire au Vietnam. Pour placer les peuples sous son joug, la « bête » a pour moyen l’adaptation de la société vietnamienne au capitalisme pour son profit et l’agression frontale. Nixon ne croit qu’à la force, mais il doit avouer son échec. Malgré une puissance de feu jusqu’ici inégalée, la guerre populaire gagne du terrain et riposte aux américains. L’offensive généralisée montre que les forces de libération sont partout et réduit la pacification à néant. Ce mépris des peuples s’est heurtée à la volonté d’indépendance absolue des vietnamiens et des forces amies. A Hanoi ce sont des vietnamiens qui dirigent, décident de tout, manoeuvrent et bombardent, pilotent les chars et les avions et guident les tirs d’artillerie. Nous sommes directement concernés par cette résistance, et nous devons refuser une Europe néo-colonialiste pour inventer des sociétés en conséquence. Bernard Jaumont intitule son article « un vent de panique » et précise qu’en France il faut poursuivre l’information et apporter un soutien sans réserve aux vietnamiens.
L’enjeu au Vietnam est pour les Vietnamiens de lancer une offensive générale contre les troupes américaines et celles de Thieu. En présentant son prétendu plan de paix en huit points, au mois de février, puis en boycottant les conversations de Paris, Nixon a créé les conditions d’une impasse politique. L’enjeu de l’offensive pour les vietnamiens, ce n’est pas de s’affranchir d’une domination étrangère et de pouvoir se doter d’un gouvernement national mais de prendre eux-mêmes les décisions qui les concernent sans qu’elles soient imposées par la logique d’une régime dont le seul objectif est la recherche du profit. L’essentiel pour nous est de comprendre, ce que Nixon a compris, que ce qui se passe au Vietnam ne concerne pas seulement les Etats-Unis et l’impérialisme américain mais le capitalisme en général. Ce qui est en cause, c’est l’étendue de la zone dans le monde où les rapports entre les hommes sont commandés par l’économie de profit. Il y a dans l’enjeu de cette nouvelle offensive la possibilité de réduire et d’affaiblir l’impérialisme. C’est aussi une étape pour le socialisme en Europe
L’expérience yougoslave est particulièrement intéressante car la Yougoslavie est le seul pays où les principes de l’autogestion aient été appliqués sur une grande échelle. Jusqu’à la rupture de 1948 avec Staline, la Yougoslavie est gérée selon les règles en vigueur en U.R.S.S. : planification centralisée et autoritaire, gestion administrative des entreprises par des directeurs nommés par l’Etat, collectivisation forcée de l’agriculture. Le retrait de l’aide soviétique et l’interruption des relations commerciales avec le bloc socialiste provoquent de graves difficultés économiques. Pour y remédier Tito décide d’instaurer l’autogestion dans les entreprises, dans la gestion des communes, des écoles, du logement, de la santé et de la culture. Après sa mise en place, on s’aperçoit que la mise en place de l’autogestion est difficile. Le système yougoslave combine l’autogestion et le libre jeu des lois du marché et peut être décrit comme un système capitaliste dont les unités de base seraient des coopératives ouvrières de production. Il serait souhaitable que les choix pour l’économie nationale soient pris au sein du Parti d’un type nouveau qui associe les masses à ses débats et soumet son activité au contrôle et à la critique de celles-ci.
La Conférence de Versailles pour la paix et l’indépendance des peuples d’Indochine s’est tenue du 11 au 13 Février 1972. Le PSU avait refusé de participer à son organisation à cause de l’exclusive maintenue contre le Front de Solidarité Indochine (FSI) par le PCF. Il était cependant représenté par les délégués de Versailles qui ont toujours participé à la « Conférence de Stockholm », co-organisatrice de l’Assemblée de Paris. Nombreux et divers étaient les pays représentés à cette conférence. Le point le plus délicat de l’Assemblée a été posé par le Cambodge et par l’attitude très ferme du Ministre du gouvernement royal d’Union nationale du Cambodge (G.R.U.N.C), dirigé par Norodum Sihanouk. Dans son discours, le délégué khmer a dénoncé l’attitude des soviétiques qui n’ont pas apporté leur reconnaissance au G.R.U.N.C. La résolution finale, après avoir réclamé une nouvelle fois et à l’unanimité la fin de la guerre et le retrait total des troupes U.S., a affirmé son soutien aux cinq points de N.Sihanouk proclamés le 23 mars 1970 déclarant que le seul gouvernement légal qui représente le Cambodge est bien le G.R.U.N.C. Le PSU s’engage à réclamer au gouvernement français la reconnaissance de celui-ci.