20 Novembre 1969 • Déclaration de Mme Nguyen Thi-Chon
Mme Nguyen Thi-Chon, membre de la délégation du Gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam témoigne des violences atroces subies dans les prisons vietnamiennes, en particulier, par les femmes. Les camps d’internement ont une population à majorité féminine car elles sont les victimes privilégiées de la pacification. Elles sont arrêtées en masse par les Américains qui contrôlent tout, depuis la construction des prisons jusqu’au choix des instruments de torture. Les prisonnières sont envoyées dans les camps d’internement sans procès et si à Saigon, ce ne sont pas les Américains qui torturent les femmes directement, dans les provinces les prisonniers dépendent directement des U.S.A. Le nombre de prisonnières ne cessent d’augmenter. La solidarité des prisonnières ont permis un mouvement de révolte dans la prison de Thu Duc mais nombreuses sont celles qui ont été tuées ou sont portées disparues.
Nous devons poursuivre notre action pour battre les agresseurs du Vietnam. Face à cette volonté à peine cachée de ravir au peuple vietnamien et au mouvement ouvrier international les fruits d’un combat sans précédent, nous devons être partie prenante aux négociations et tant que soutiens du peuple vietnamien et en tant qu’adversaires déclarés de l’impérialisme américain. Nous ne pouvons rester neutres comme le demande le gouvernement français. Le Vietnam nous concerne. L’impérialisme est sur la défensive sur une grande partie de la planète. Il doit affronter des difficultés politiques, idéologiques, économiques (monétaires) qui sont dues pour une part non négligeable à l’action du peuple vietnamien et à ses répercussions un peu partout. C’est le sens que nous donnerons à notre participation aux manifestations du 15 novembre qui auront lieu dans toute la France. Ce que nous voulons, c’est exiger que nos gouvernants reconnaissent le gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud-Vietnam et qu’ils cessent le jeu hypocrite de la neutralité, paravent de la solidarité des exploiteurs.
Aux U.S.A, le courant pacifiste qui demande l’arrêt des combats au Vietnam ne parvient pas à dépasser les limites d’une opposition aux formes pittoresques mais elle n’est en rien politique. Si une forte majorité des Américains en a assez de la guerre, très peu d’Américains remettent en cause la politique étrangère des Etats-Unis. La contestation est essentiellement une contestation de la part de la classe moyenne qui va forcer Nixon à changer de cap et ce d’autant que les milieux de la finance s’opposent aussi à cette guerre. Il serait absurde de sous-estimer l’efficacité politique d’une opposition dans l’opinion publique mais il serait tout aussi absurde de la surestimer car le niveau de politisation est très faible. L’esprit du capitalisme et l’esprit national se confondent et personne ne s’émeut du développement de l’impérialisme américain. En Méditerranée, en Asie du Sud-Est, en Amérique latine ou en Afrique la « démocratie » américaine continue à affirmer son soutien aux Etats les plus forts, les plus réactionnaires et on ne note aucune mobilisation contre cette politique.
La durée de la guerre et les horreurs commises par l’armée américaine encouragent tout acte d’indiscipline des soldats. Au-delà des refus individuels de participer à cette guerre dans les années 65-66 on assiste aujourd’hui à un mouvement de masse d’opposition à l’intérieur de l’armée. Des syndicats se forment et revendiquent au nom des soldats. L’American Servicemen’s Union (l’A.S.U.) est une tentative pour donner voix au G.I. et leur permettre de s’exprimer sur les injustices si fréquentes au sein de la machine militaire. Le syndicat revendique sur 8 points fondamentaux. Ils demandent la suppression du salut hiérarchique sur commande, un contrôle sur la nomination des chefs, l’égalité raciale, le contrôle des hommes de troupes lors des décisions des Cours martiales, un salaire fédéral minimum, la libre expression politique et le droit d’association, le droit d’accord collectif et surtout le droit de désobéissance. « The Bond » est le journal des militaires écrit par et pour les G.I.’s