La parole à Alain Touraine

Mots-clés : participation, Pouvoir populaire, Socialisme autogestionnaire

13-19 Octobre 1977 • Alain Touraine, Propos recueillis par Claude Deslhiat, Léo Goldberg

« Il n’y aura jamais de société autogestionnaire »

Le changement dans nos sociétés est au coeur des préoccupations d’Alain Touraine, sociologue. Il accorde à sa réflexion une priorité à la pratique plutôt qu’aux théories. Ceci l’amène à réfléchir sur les nouveaux mouvements sociaux et les formations politiques, en particulier, sur ceux qui se réclament de l’autogestion. Pour lui, l’autogestion, au sens le plus noble du terme est une idéologie, c’est-à-dire la représentation qu’un acteur social a de la situation dans laquelle il se trouve. Il poursuit en précisant que l’autogestion c’est le mot qui porte les aspirations anti-technocratiques de notre époque, la volonté de libération et de reconstruction de la société. L’autogestion c’est l’idéologie populaire du présent, la volonté de créer des mécanismes de décisions démocratiques dans tous les secteurs. L’autogestion cerne une aspiration libertaire, le refus de la manipulation. C’est dans ce sens qu’Alain Touraine déclare qu’il n’y aura jamais de société autogestionnaire, ni de société libre, tout en précisant que cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faille pas se battre pour l’autogestion comme on s’est battu pour la liberté.

Ecologie : un siècle de tentation apolitique

Mots-clés : Élections, Politique énergétique

6-12 Octobre 1977 • Claude-Marie Vardot

Couverture TS N°756Entre la protection des espèces et la lutte écologique d’aujourd’hui un siècle de tentation apolitique demeure encore bien vivante. Les premières préoccupations autour de la nature, dès 1874, regroupaient des scientifiques dans des sociétés savantes,  complètement apolitiques,  qui ne se préoccupaient que de sciences ou de protection des espèces sans vouloir ni pouvoir mêler les hommes ou l’organisation économique et sociale à leurs études ou spéculations. Il a fallu attendre le début des années soixante pour que commencent à se former de nombreuses associations de défense de la nature, tout aussi apolitiques. Mais, très rapidement, des précurseurs passèrent de la protection de la nature à une nouvelle notion, celle de la défense de l’environnement. En 1974, une nouvelle génération que l’on désigne sous le nom d’écologiste commence à émerger et à se politiser. Ceci tout particulièrement au moment de la candidature de René Dumont qui affirme que l’écologie est politique. Les élections législatives et la candidature d’Ecologie 78 montre toute l’ambiguïté du courant écologique.

La parole à Pierre Naville

Mots-clés : marxisme, sexualité

14-20 Juillet 1977 • Propos recueillis par Claude Deslhiat et José Sanchez

« un certain parti pris d’extrémisme et d’expérimentation »

Pierre Naville est l’un des fondateurs du surréalisme. Paradoxalement ce n’est pas sous ce jour qu’on le connait le mieux. Homme complexe, en recherche permanente, on le connait comme économiste, sociologue, homme politique, militant du PSU et aussi poète. Il s’explique ici à propos de son dernier livre. Le but qu’il s’est fixé est d’apporter un témoignage vivant, sur le mouvement surréaliste qui n’était pas seulement littéraire et dans lequel il a joué un rôle important. Il n’entend pas retracer tout ce qui s’est fait à cette époque, mais plutôt reprendre les thèmes nouveaux de ce mouvement. Il montre que  le surréalisme veut réagir contre l’uniformisation et la spécialisation et qu’il y a toujours un relativisme à respecter dans les opinions. Le surréalisme n’est pas une théorie mais plutôt un bureau permanent de recherches avec une volonté de vaincre les tabous, de refuser les vérités imposées et de chercher dans plusieurs directions. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre  son itinéraire et la diversité de ses recherches.

L’eurocommunisme, vers un schisme ?

Mots-clés : Eurocommunisme, Parti communiste espagnol

7 au 13 Juillet 1977 • Léo Goldberg

L’eurocommunisme est un mouvement de critique ouverte contre le communisme du bloc soviétique. Il défend une gauche européenne unie qui pourrait aller jusqu’à supplanter le Parti Communiste. Il est animé par Georges Marchais pour le Parti communiste français (PCF), Enrico Berlinger pour le Parti Communiste Italien (PCI) et Santiago Carrillo pour le Parti communiste espagnol (PCE). Dans la perspective d’une nouvelle étape du mouvement communiste d’Europe Occidentale, Santiago Carillo, propose des actions sur des objectifs communs (coordination des luttes ouvrières, lutte contre les blocs, lutte anti-impérialiste). La violence de l’attaque contre les déclarations de Santiago Carillo dans les Temps Nouveaux montre la désapprobation des partisans d’un communisme doctrinal, tant en URSS qu’en Espagne.

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