28 Juin au 5 Juillet 1975 • Gilbert Hercet
La Convention nationale du PS sur l’autogestion a présenté un texte constitué de 15 thèses sur l’autogestion, adopté à l’unanimité par le bureau exécutif du Parti (CERES compris). L’aspect nouveau et peut-être porteur d’avenir, de cette Convention du PS est que pour la première fois, un véritable débat politique a eu lieu. La stratégie autogestionnaire déplait aux Conventionnels et Poperenistes et tous les militants présents n’en n’ont pas forcément saisi les implications à venir. Néanmoins le ralliement autour de l’autogestion a eu lieu comme un moyen de s’affirmer différent du PC et comme une façon de sortir de l’étiquette « social-démocrate ». La Convention a permis de poser de nouvelles questions, la plus importante est celle qui lie militantisme et doctrine. A cet égard, les jalons posés à cette Convention sont un premier rapprochement entre les « deux gauches » du parti.
L’autogestion qu’est-ce que c’est ? est le titre d’un ouvrage de Alain Guillern, membre du PSU, en association avec Yvon Bourdet paru dans la collection « clés pour » aux éditions Seghers. Tout en rendant compte du phénomène global de l’autogestion et en présentant le tableau des diverses tendances politiques et syndicales qui se réfèrent à l’autogestion, Yvon Bourdet et Alain Guillern n’hésitent pas à décortiquer le concept d’autogestion. Pour les auteurs l’autogestion est l’organisation égalitaire de la société, par les hommes eux-mêmes « selon leurs désirs », sans passer par un état répressif ou aux mains des minorités dominantes. Leur ouvrage conclut par ces quelques phrases citées. » Nous ne savons pas ce que les hommes seront, mais nous luttons pour qu’ils se délivrent des entraves qui les empêchent, aujourd’hui, de réaliser leurs diversités infinies. Nous ne faisons pas de la science-fiction. Nous cherchons au contraire, à démontrer que l’autogestion est non seulement possible et nécessaire, mais qu’elle est déjà là, invisible, comme est invisible la rotation de la Terre ».
La défaite US en Indochine est aujourd’hui une réalité car Thieu a enfin démissionné. Cette démission était prévisible compte tenu de la débâcle de l’armée saïgonnaise et de la décomposition du régime de Thieu devant l’offensive des forces révolutionnaires vietnamiennes. Le GRP, à l’annonce de cette démission, a réaffirmé son objectif de formation « d’une administration favorable à la paix, à l’indépendance et à la concorde nationale et qui accepte d’appliquer les accords de Paris ». Le tandem Ford-Kissinger s’obstine dans sa tentative de sauver la mise et appelle « toutes les parties intéressées pour l’ouverture des négociations », mais il est trop tard. L’impérialisme américain devra s’incliner définitivement devant sa défaite majeure face aux révolutionnaires vietnamiens qui ont su combiner toutes les formes de la lutte militaire à l’action politique et sociale. Saigon est tombée et a été rebaptisée « Ho Chi Minh-Ville » tout reste à construire et la tâche qui incombe au GRP est immense.
Après cinq années de guerre, les révolutionnaires du Cambodge récoltent les fruits de la victoire. Ils ont fait une entrée triomphale à Phnom Penh. Le GRUNK et le FUNK ont pu faire échec en 1970 à l’agression directe des troupes américaines, provoquer la déroute des mercenaires envoyés par Saigon en 1971 et celle des troupes de Lon Nol en 1972. Ils ont, en 1973, dominé les bombardements et le génocide américain et ont aujourd’hui pu libérer Phnom Penh. A la base de toutes ces victoires se trouve le pouvoir populaire organisé à travers les forces armées et dans toutes les associations et lieux de vie. Ces organisations réunies en Congrès dans les zones libérées ont ainsi pu affirmer la naissance d’un Cambodge authentiquement « indépendant, pacifique, non aligné et démocratique ». Une ligne politique a été définie tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur pour la totalité du pays.