Immigrés, le miracle français

Mots-clés : Algérie, Économie, Immigration

Septembre - Octobre 1979 • Denis Clerc

Nous devons une grande part de notre richesse au travail des immigrés. C’est grâce à eux que de 1946 à 1975, notre économie a pu connaître ce qu’on a pu appeler le « miracle français » et qui s’est traduit, entre 1950 et 1970, par une croissance du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) égale à 5,5 % par an. Entre 1968 et 1975, les travailleurs immigrés ont occupé 42% des emplois industriels qui ont été créés au cours de cette période, en particulier dans le bâtiment et les travaux publics. Pourtant Lionel Stoléru, Ministre du Travail, a pour objectif de voir le nombre d’étrangers diminuer de 3 à 5% par an. Travailleurs très mobiles, corvéables, ne refusant ni les heures supplémentaires ni le travail au noir, les immigrés ont contribué à bâtir notre pays : c’est donc aussi le leur. Ils ont droit à en jouir s’ils le souhaitent. C’est ce droit que, tous ensemble, il nous faudra bien finir par imposer.

Immigrés : le coup de balai (Loi Bonnet)

Mots-clés : Étrangers, Répression, Travail

Juin 1979 • Denis Clerc, Yvan Craipeau, Gabriel Granier, Camille Lefebvre, José Sanchez

Les immigrés sont les boucs émissaires en période de crise, ils sont de trop et s’ils ont contribué à développer économiquement la France, aujourd’hui, ils sont priés de repartir. La loi Bonnet, du nom du Ministre de l’Intérieur (1977-1981) modifie l’ordonnance du 2 novembre 1945 relative aux conditions d’entrée et de séjour en France des étrangers. Cette loi relative à la prévention de l’immigration clandestine passe devant l’Assemblée nationale en première lecture le 29 mai 1979. Elle rend plus strictes les conditions d’entrée sur le territoire et fait de l’entrée ou du séjour irréguliers un motif d’expulsion au même titre que la menace pour l’ordre public. La loi prévoit également la reconduite de l’étranger expulsé à la frontière et sa détention dans un établissement s’il n’est pas en mesure de quitter immédiatement le territoire. Il s’agit ici de la première apparition de la rétention administrative. Elle soulève de vives contestations de la part des intellectuels, des syndicats, du M.R.A.P. C’est sans doute l’une des lois la plus dure contre les travailleurs étrangers en France. C’est aussi une opération qui vise des étudiants et des réfugiés politiques.