L’enjeu d’aujourd’hui, pour l’Indochine, c’est Saigon et sa chute escomptée. Cette ville n’est pas seulement la capitale du Sud-Vietnam, c’est aussi en puissance, une capitale pour toute la péninsule indochinoise. Etant donné sa position par rapport à la Malaisie et à l’Indonésie, elle est un des centres essentiels de tout le sud-est asiatique. Les combats actuels et la démission programmée de Thieu, comme la chute de Lon Nol, vont poser au GRP la question de la voie vers laquelle va s’engager le nouveau Vietnam. C’est sans doute dans la voie du non-alignement qu’il trouvera les plus grandes chances de réussite. Il s’agit de questions importantes et significatives pour l’aspect révolutionnaire et socialiste que le Vietnam a mené depuis 30 ans.
La visite de Giscard en Algérie n’est pas un évènement historique et ne fait que confirmer les relations commerciales entre les deux pays. En 1973, il y a 840 000 travailleurs algériens en France et 5 200 coopérants français en Algérie. Sans être naïf sur les intérêts économiques de ces échanges pour la France et sans être d’accord avec toutes les orientations du gouvernement algérien, il y a pourtant plusieurs raisons à souligner l’intérêt de ces échanges. Nous ne pouvons nous désintéresser du développement des liens entre la France et un des leaders du Tiers-monde qui est pour le moment un des seuls états d’Afrique s’orientant vers le socialisme. Toutefois, pour que les rapports s’approfondissent et se stabilisent il faudrait entre les deux États, une communauté de pensée. Nous devons alerter l’opinion algérienne et française sur les conditions d’un véritable rapprochement et les limites des échanges actuels. On peut s’interroger sur le soutien de la France à l’Algérie devant les exigences des Etats-Unis, sur les conditions de vie des Algériens en France et le racisme ambiant encouragé par l’existence de la coalition gouvernementale actuelle. La gauche doit exiger que le pouvoir mette sa politique en ordre et tire les conséquences de ses attitudes.
Entre l’idée de renforcer la guerre au Vietnam et s’avouer vaincu sur le plan militaire et politique le pouvoir exécutif américain est paralysé. Les forces de libération en profite pour reprendre du terrain et fédère de plus en plus les populations. Le refus de Thieu de tout compromis, de toute discussion avec le GRP correspond au jeu jusqu’au-boutiste que l’administration américaine fait jouer à toutes les dictatures qu’elle s’apprête à lâcher. La victoire du GRP est à terme inévitable. Des élections libres et la réunification des deux Vietnam paraissent maintenant possibles. La Thaïlande demande aux américains d’évacuer leurs bases et entame des négociations avec la RDVN. On assiste à une véritable crise de confiance en la puissance américaine par tous les gouvernements de l’Europe capitaliste.
Sur tous les fronts l’impérialisme recule et on assiste aux derniers sursauts des dictateurs. Le FNL a déclenché une offensive au moment où l’impérialisme se trouve en difficulté et en échec en Grèce, au Portugal, au Moyen-Orient. L’impérialisme est de plus en plus contesté au sein de ses propres frontières et l’opinion américaine, lassée de l’interventionnisme, appuie le Congrès dans son refus du renouvellement des crédits de guerre. Sans soutien financier des américains Thieu comme Lon Nol sont en grande difficulté. Lon Nol a préféré la fuite et Thieu n’en n’est pas loin. De plus en plus, les habitants des villes rejoignent les troupes des maquisards et la bourgeoisie, aux abois, abandonne Thieu et se cherche un autre sauveur. Sans les dollars et les armes américaines cette bourgeoisie ne pourra rien faire et ne pourra que maintenir le cycle de la misère et de la répression. En prenant l’offensive le FLN a démontré que la fin des dictatures est proche. L’impérialisme a perdu la face. C’était cela l’enjeu essentiel. Le PSU envoie le 2 avril un télégramme de soutien au GRP.