Soumise à la pression de l’extrême droite xénophobe en progression et qui gouverne un certain nombre de pays, ayant étranglé financièrement le gouvernement Syriza et persistant dans un fédéralisme autoritaire pour imposer un néolibéralisme destructeur, l’Union européenne est en crise profonde. Les marchés financiers restent tout-puissants et profitent des liquidités dont la BCE les a abreuvés pour relancer des opérations spéculatives mortifères tandis que les populations subissent jour après jour les méfaits des politiques d’austérité décidées au niveau européen par les gouvernements et les institutions de l’Union. Face au comportement hégémonique des Etats-Unis et à la politique expansionniste de la Russie, l’Union européenne semble paralysée. Quel rôle peut-elle encore jouer ?
Une autre Europe peut-elle être un point d’appui face à la mondialisation néolibérale et ne plus être ainsi condamnée à être un carcan pour les peuples ? Quelle stratégie alors pour une gauche de transformation sociale et écologique ?
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DÉBAT
Si, initialement, le Marché Commun se présentait comme uniquement la mise en commun de marchés essentiellement nationaux, un tournant fondamental s’est opéré dans les années 80-90 avec le développement d’un marché européen unifié. Le droit de la concurrence, inscrit au coeur de différents traités, a abouti à un droit normatif, véritable droit constitutionnel avant la lettre, qui réduit les autres textes européens à des déclarations d’intention sans portée opérationnelle pratique : l’administration des choses remplace celle des hommes, les pouvoirs sont de plus en plus confus, la charte des droits fondamentaux n’est qu’un trompe-l’oeil. D’où une Europe anti-démocratique et néo-libérale, la mise en place, de fait, d’un fédéralisme autoritaire. Pour que l’Union Européenne devienne un espace où la notion de souveraineté populaire ait un sens, de nombreux obstacles politiques restent à franchir.
Pierre KHALFA est syndicaliste, membre du Conseil économique, social et environnemental au titre de Solidaires, co-président de la Fondation Copernic et membre du Conseil scientifique d’ATTAC, co-auteur du livre Que faire de l’Europe ?, Editions Les liens qui libèrent, avril 2014.
Photo signée Le Querrec.
Quarante ans après la révolution, le peuple portugais est en souffrance, c’est un peuple de plus en plus pauvre dans un pays pauvre et inégal. Depuis 2011, date d’arrivée de la Troïka, les plus grosses fortunes du Portugal ont augmenté de 13% et le nombre de millionnaires s’est accru de 350. Le même État qui diminue les salaires de ses fonctionnaires et les pensions de retraite de la population, qui exclut ou restreint l’accès d’une partie croissante de celle-ci au système de santé et affaiblit l’école publique, est aussi celui qui baisse les impôts sur les sociétés et octroie des exonérations fiscales aux investisseurs étrangers et aux seniors du centre, en échange de retraite dorées au Portugal. Dans le Cahier de l’ITS à paraître en juin 2014, Cristina Semblano, économiste décrit quelques aspects parmi les plus significatifs de la situation actuelle de ce pays. Elle pose la question de l’européisation de l’économie portugaise et pose le débat sur l’Europe et sa restructuration.