La gauche et plus exactement le PS depuis le comité directeur du PS du 7 novembre 1976 renonce à refuser l’armement nucléaire, alors que c’était inscrit dans le programme du PS et dans le Programme commun. En renonçant à attaquer le principe même de l’armement nucléaire français, le Parti socialiste opère une conversion politique. Le PSU seule force de gauche à maintenir son opposition au choix nucléaire risquerait d’être isolé et considéré comme utopique s’il n’avait pas au-delà, une réflexion différente sur la nécessité d’impulser une nouvelle stratégie de mobilisation et de dissuasion populaire capable de faire face aux véritables menaces qui pourraient survenir. Il y a un débat important à mener sur les stratégies militaires néoclassiques. C’est sur ce niveau stratégique que porte aujourd’hui l’effort principal de contrôle de l’empire américain sur les systèmes militaires des pays où la transition socialiste est à l’ordre du jour.
16 juillet - 12 septembre 1976 • Michel Mousel, Marc Echeverry
Les Etats-généraux pour l’autogestion se sont déroulés à Malakoff (Paris) les 3 et 4 juillet 1976. Plus de 500 délégués ont participé aux 16 carrefours et 200 responsables politiques, syndicaux et militants ont participé aux forums : ce sont 700 militants qui ont participé à ces deux jours de rencontre. 60% de participants sont venus de province, un peu moins de la moitié sont membres du PSU, 40% sont militants de la CFDT, 10% du MAS, d’autres viennent de la CGT ou du SNI. La moyenne d’âge était de 28 ans et un tiers sont des femmes. La question de la construction d’un socialisme autogestionnaire à construire était en filigrane des rencontres. Un socialisme dans lequel l’homme cesse d’être exploité, aliéné et sans responsabilité. Le contrôle direct des travailleurs et des couches populaires est essentiel dans cette organisation nouvelle de la société. L’autre question était celle de la nature de l’autogestion et du programme qu’elle peut proposer. C’est dans ce sens que M.Mousel, en conclusion, affirme que l’autogestion est le projet socialiste qui seul soit en mesure de garantir l’établissement d’un Etat socialiste, il est fondamentalement unitaire et se nourrit des contradictions inhérentes à la diversité des acteurs.
12-18 Juin 1976 • Henri Lefebvre, Victor Leduc, Guy Perrin
« Le marxisme, l’Etat et son dépérissement » est le titre d’un interview d’Henri Lefebvre par Victor Leduc autour d’une réflexion sur l’Etat et donc, de la question du pouvoir dans le monde moderne, en s’appuyant sur les textes de Marx. Marx explique le dépérissement de l’Etat à partir de La Commune et rappelle comment la révolution politique brise l’Etat bourgeois et le mène au dépérissement. Henri Lefebvre démontre que l’Etat est gestionnaire de l’ensemble social et qu’à ce titre, il domine la société civile, prend en main l’économie et la croissance mais dispose aussi de l’armée, de la police et dans une large mesure de l’appareil judiciaire. Henri Lefebvre retient comme fil conducteur de l’analyse de l’Etat moderne les deux aspects fondamentaux de l’Etat : la gestion et la violence. L’auteur analyse également la mondialisation de l’Etat dans laquelle ceux-ci se superposent aux autres marchés, c’est-à-dire ceux de la force de travail, des marchandises, des capitaux. Le marché est inter-étatique et porte notamment sur les armes et les armements. En cela il est « terricide ». Enfin il aborde la question de la transition qui est un concept important mais difficile à définir et s’explique sur le mode de production étatique (MPE).
Frédo Krumnov vient de publier « CFDT au coeur » dans lequel il explique que le but de l’orientation autogestionnaire est de faire prendre en charge par les travailleurs leur destin. Il ne s’agit pas d’aller vers une plus grande participation des travailleurs au niveau des différentes instances de gestion, mais d’un transfert total du pouvoir de la propriété privée, de la bureaucratie et de la technocratie, à la collectivité de base des travailleurs. Il s’agit pour la collectivité des travailleurs de se donner pour commencer les structures qu’elle imagine elle-même et qu’elle trouve les plus adaptées à une prise en charge collective pour une meilleure expression démocratique. Ce qui est important pour une organisation syndicale c’est de ne pas laisser tout cela au hasard de la spontanéité mais au contraire d’incorporer cet objectif dans sa stratégie. Par ailleurs, une stratégie de prise de pouvoir ouvrier par l’action de masse pourrait provoquer le déséquilibre fatal au pouvoir capitaliste de l’Etat et des patrons, et faire avancer des objectifs allant nettement dans le sens d’une société socialiste autogérée.