Althusser vient de publier une brochure intitulée 22ème congrès. Celle-ci rassemble les remarques exposées au Cercle de l’Union des étudiants communistes de la Sorbonne, autour de l’abandon de la dictature du prolétariat lors du dernier congrès du PCF. Cependant, au cours de la lecture de ces remarques, on note qu’Althusser envisage de façon plus large les problèmes posés par l’évolution stratégique du PCF. Sa réflexion est critique et apparait essentiellement comme une confrontation entre la stratégie du PCF et l’orthodoxie marxiste-leniniste telle que la conçoit Althusser. Il semble qu’Althusser n’est pas prêt à rompre définitivement avec l’héritage doctrinal du stalinisme, même s’il en rejette les pratiques. Le regard critique que jette Althusser sur son parti, la liberté de discussion qu’il réclame ne sont pas négligeables et sont signes d’une évolution. Mais les limites de sa critique et sa conception du rôle de l’Etat montrent que les communistes français ne sont pas encore tout à fait sortis de la longue nuit du stalinisme.
Lip : ils produisent à nouveau des montres. Ils ne veulent être ni vaincus ni inutiles et continuent la lutte au-delà de l’occupation de l’usine mais à partir du 13 juin prochain, les premiers Lip cesseront de toucher l’allocation supplémentaire d’attente instaurée en partie grâce à leur bataille de 1973. Ils ont décidé d’agir et de combattre. L’Assemblée Générale a proposé un projet chiffré : produire des montres pour se payer, soit 90 montres par jour. Lip, affaire non classée, un livre écrit collectivement qui devient aujourd’hui une réalité. Mais il faudra un énorme effort de solidarité car il faudra prouver que le mot d’ordre de nationalisation sous contrôle ouvrier ne sert pas uniquement pour les meetings. La popularisation et la solidarité deviendront très rapidement nécessaire contre toute riposte policière.
28 avril - 4 mai 1977 • Direction Politique Nationale
La Direction politique nationale du PSU met en garde les travailleurs contre le projet d’élection d’un Parlement européen au suffrage universel. Une décision historique est présentée à l’opinion comme une affaire secondaire. Le débat national est esquivé. Un vote à l’aveuglette se prépare, engageant l’avenir. L’histoire indique qu’une telle assemblée tirera de sa vaste zone d’élection et du suffrage universel les pouvoirs les plus considérables. Le chancelier Brandt la voit déjà comme une Constituante. L’article 4 de l’accord signé par les Neuf le 20 septembre 1976, et qui va être soumis à l’approbation des chambres, exclut tout mandat impératif, toute instruction donnée aux députés européens qui voteront « librement et personnellement ». C’est-à-dire que ce Parlement définira lui-même son règlement et ses pouvoirs. Les conditions de la supranationalité sont ainsi créées et elle tendra à se réaliser rapidement chaque fois que les intérêts de la bourgeoisie l’exigeront.
La sidérurgie est touchée vivement par la crise économique et la récession que connaissent les pays capitalistes depuis 1974. Après une phase de pleine expansion, elle connaît aujourd’hui une chute importante. La concurrence sévit notamment au Moyen-Orient, en Iran, en Espagne et au Brésil. Les licenciements massifs, le chômage partiel, la mise au rebut et le gaspillage des équipements sont le résultat d’une gestion qui n’a pas tenu compte du contexte international en développement, et qui a tout misé sur le profit immédiat. La gestion capitaliste avec des regroupements d’entreprises, la fixation de quotas contractuels de production par grand groupe et des prix planchers, n’ont pas permis de faire reculer la crise structurelle du secteur. Cependant les patrons utilisent à leur profit au mieux la crise. C’est pour eux l’occasion de laisser tomber tout ce qui rapporte peu, de peser sur les salaires et d’augmenter les taux de production. Les grandes manœuvres amorcées en Lorraine en sont une illustration.