15 Juin - 3 Juillet 1974 • Jacques Buthiers, Robert Chapuis, Françoise Claire
Toutes les catégories de travailleurs de l’ORTF dénoncent les conditions de travail, les salaires et les moyens de production incompréhensibles. Pourtant la grève à l’ORTF n’est pas comprise du public car cette structure n’est pas lisible dans son fonctionnement et la réforme en cours n’est que difficilement compréhensible. En faisant éclater l’O.R.T.F. en sept sociétés nationales, le gouvernement conserve les apparences des monopoles et du service public, mais en réalité, il change la nature et le contenu. Le monopole sert seulement à fournir le soubassement public au libre jeu des intérêts privés, dans la production comme dans la diffusion. Le service public laisse place à la concurrence entre des entreprises indépendantes de radio ou de télévision qui chercheront à développer leur financement propre, à partir de la publicité et des contrats qu’ils pourront obtenir. La Première et deuxième chaîne de télévision se développeront sur cette base et rien n’interdira — et c’est pourquoi il y faut une loi — que de nouvelles sociétés apparaissent pour une 4ème ou une 5ème chaîne, mettant fin ainsi au monopole, déjà singulièrement amoindri par le système des périphériques. Le gouvernement et les intérêts privés ont conclu un mariage de cœur et de raison : il leur faut désormais gérer leur patrimoine commun. La Direction Politique Nationale du PSU demande une réflexion pour organiser une politique démocratique de l’audiovisuel dans son ensemble.
29 juin - 5 Juillet 1974 • Philippe Marielle, A.G (Clermont-Ferrand), J.M.Duclos
Le ras-le-bol dans les casernes s’expriment. Aujourd’hui l’armée essuie le feu roulant des critiques. Les objecteurs de conscience contestent le « service civil », les insoumis déclarent que leur décision est un geste délibérément politique et ne craignent pas d’accumuler les brimades les plus dures et les années de prisons. Les appelés arrivent à faire parler d’eux, hors des casernes, et créent des comités de soldats, signent des cahiers de revendications. Au 24ème régiment d’infanterie de marine (RIMA) à Perpignan, de nombreuses brimades au cours des exercices ont été dénoncées. A l’initiative du Comité de Défense des Appelés et avec l’appui de diverses organisations locales (dont la fédération du PSU) des témoignages révèlent un climat scandaleux à l’intérieur de la caserne que les appelés sont de moins en moins disposés à supporter à Perpignan comme ailleurs.
A l’hôpital psychiatrique du « Bon Sauveur » la santé est bien malade et surtout la grève du personnel de nuit paralyse l’activité. Autrefois cette institution était dirigée par des religieuses qui faisaient surtout la charité, aujourd’hui le personnel civil revendique une autre façon de soigner et des meilleurs conditions de travail. La modernisation de l’équipement s’impose comme la réduction du temps de travail (un travailleur de nuit ne bénéficie que d’un week-end sur cinq de repos). Direction, DDASS et Ministère refusent toute négociation tant que les grévistes n’assureront pas le service minimum. Le personnel n’est pas soutenu par les médecins et les services hospitaliers qui dénoncent « l’abandon des malades » Alibi, déontologie et ambiguité car « soigner les malades » ne peut être synonyme de « tout faire ». A l’hôpital psychiatrique de Ste Marie de l’Assomption, l’occupation des locaux se prolonge depuis 6 semaines. Les grèves dans ce secteur confirment le malaise social général dénoncé par les militants politiques et syndicaux.
22- 28 Juin 1974 • Section PSU d'Usinor-Dunkerque
La 72ème victime d’Usinor-Dunkerque fait naître la colère. Dimanche 2 juin 1974, Jean-Claude Delalleau meurt carbonisé sur le haut-fourneau n°4 d’Usinor-Dunkerque. Cinq autres travailleurs sont brûlés. Les 400 hauts-fournistes de Dunkerque décident de ne plus travailler tant que les conditions de sécurité ne seront pas respectées. Les actionnaires d’Usinor, eux, ont le sourire. La production a augmenté de 19,7% en 1973 et le revenu net de chaque action est passée à 9,45 F. On compte 72 accidents mortels depuis 1962, et des centaines de mutilés qui finiront leur carrière comme gardiens dans les vestiaires. Les ouvriers d’Usinor sont en lutte pour leur vie mais la mobilisation est difficile car les 11 000 travailleurs sont dispersés dans les mines, le Calaisis, la Flandre agricole. Outre de meilleures conditions de sécurité, les ouvriers réclament une augmentation des effectifs et une augmentation des salaires. Les militants PSU pensent que cette lutte doit être popularisée parmi les autres usines du trust, de la région Nord et que la mobilisation doit s’étendre aux femmes des ouvriers car elles sont directement concernées.