Juin 2017 • Jacques Ion, Gustave Massiah, Catherine Delahaie, Françoise Picq, Anne-Cécile Mailfert, Odile Jouanne, Philippe Domergue, Patrick Farbiaz
Les contributions proposées dans ce numéro s’inscrivent dans le cadre général de la réflexion que nous avons entreprise sur la crise du lien social et de la démocratie.
Depuis quelques temps, nous assistons à de nombreux déplacements des modes d’action et de mobilisation, de formes et de moyens d’action. Tout laisse à penser que dans l’avenir ces mouvements se développeront et s’intensifieront, rendant difficile la perception des repères et des perspectives.
Est-à-dire pour autant que l’horizon ne laisserait entrevoir que le développement de démarches individuelles, au mieux de groupement éphémères, sans perspectives sociales communes, donc – pour reprendre le titre d’un ouvrage d’Alain Touraine – « la fin des sociétés ? ».
Ne faut-il pas considérer plutôt que le paysage militant s’est renouvelé, que les façons de militer ont changé, remettant en question le couple action collective de masse/ relais sur la sphère politique ?
Textes :
Jacques ION : Les modalités contemporaines de l’engagement
Gustave MASSIAH : L’engagement dans la solidarité internationale. Les forums sociaux modaux
Carine DELAHAIE : Femmes solidaire et le Forum social européen. Fémininisme et désillusions
Françoise PICQ :Les évolutions du mouvement féministe
Odile JOUANNE : Le réseau Education Sans Frontières : Pour protéger les mineurs migrants scolarisés. De l’individu au collectif
Philippe DOMERGUE : Versailles. Des collectifs de bénévoles citoyens pour les migrants
Patrick FARBIAZ : Nuit Debout ou le film d’une génération
Claude Neuschwander brosse dans ce livre un tableau sans concession mais finalement optimiste de la situation économique, morale et politique de la France dans le contexte d’une Europe qu’il faut réinventer et d’un monde globalisé qu’il convient de réguler. Pour lui, deux dangers pèsent sur nous : la puissance envahissante de l’ultralibéralisme et le développement d’un totalitarisme qui camoufle son kaki d’origine sous un bleu marine, paraît-il, plus seyant. Il dénonce aussi les dérives d’un militantisme de gauche qui troque ses convictions traditionnelles contre un carriérisme. Or, les militants semblent démobilisés par la quasi-faillite idéologique et morale des partis de progrès. Il lui paraît donc essentiel de rendre la parole aux citoyens et de les associer à l’élaboration d’un projet politique réaliste et conforme à leurs convictions. Il propose donc de bâtir un « réseau social » qui fédère les citoyens indignés et les mobilise pour préparer un avenir commun. Un réseau social d’un nouveau genre, à inventer par ceux là même qui décideront de le prendre en charge. La gauche retrouvera alors les valeurs qui la rendent éternelle. Elle saura les traduire dans un projet concret, ancré dans une volonté commune, celle des citoyens et des militants. Claude Neuschwander a rejoint, à la fin de l’année 1973, la lutte des Lip, en acceptant de venir diriger l’entreprise sauvée par leur mouvement. Lorsque le pouvoir décida de saborder l’entreprise avec l’accord des actionnaires, il fut révoqué. Il se consacra alors à inventer le développement local, au service des collectivités, dans une coopérative de conseils, Ten. Il a milité successivement à l’Unef, au Club Jean Moulin, à l’Adels, à Sarcelles. Partout, il s’est battu pour une démocratie vivante, le respect de la dignité des hommes, la nécessité de la cohésion sociale.
NEUSCHWANDER Claude 2014 22 x 14 cm, 170 p. Le Publieur
2005 • FILLIEULE Olivier (Dir.) - Ch. BROQUA, Ph. GOTTRAUX, B. KLANDERMANS, C. LECLERCQ, Doug MACADAM, Fl. PASSY, B. PUDAL, I. SOMMIER, V. TAYLOR
Cote : FILL
L’un des traits permanents des organisations politiques, qu’elles soient partisanes, syndicales ou associatives, est bien le turn over et par conséquent la défection. À ce constat s’en ajoute un autre : la littérature sur le militantisme politique s’est essentiellement posé la question du recrutement et de l’enrôlement de nouveaux militants, mais elle demeure peu prolixe sur le maintien des engagements et, ce qui revient au même, le désengagement. Dans cet ouvrage qui rassemble parmi les meilleurs spécialistes contemporains du militantisme politique, ce sont les processus qui conduisent les individus à se désengager qui sont au centre de l’analyse, contribuant ainsi à poser d’une manière renouvelée la question du militantisme comme activité sociale spécifique, avec ses phases de recrutement et ses moments de déprise. Derrière la grande variété des groupements étudiés, du Parti communiste aux mouvements de lutte contre le sida, en passant par les centrales syndicales et le mouvement féministe américain, c’est bien une série de mécanismes propres à la sortie de rôle qui, dévoilés ici, offrent, sinon un modèle général du désengagement, du moins des pistes pour comprendre les logiques individuelles et collectives de la défection et un moyen nouveau de compréhension du destin des organisations.
Olivier Fillieule est professeur de sociologie politique à l’Institut d’Études Politiques et Internationales de Lausanne et chercheur CNRS au Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne.
FILLIEULE Olivier (Dir.) – Ch. BROQUA, Ph. GOTTRAUX, B. KLANDERMANS, C. LECLERCQ, Doug MACADAM, Fl. PASSY, B. PUDAL, I. SOMMIER, V. TAYLOR 2005 24 x 16 cm, 320 p. Belin
“A poil les militants!” titrait en 1975 une éphémère revue… Par ce rappel l’auteur, n’invite pas au strip-tease… mais à l’abandon de la camisole de force idéologique, de l’uniforme organisationnel, des oeillères de la ligne juste et droite… mais à la recherche de vêtements plus amples et d’allures plus aisées, à la marche dans les espaces vierges du quotidien. Dans ce livre, il s’agit plus particulièrement des idées reçues, de bilan de santé de groupes militants, de check-up des imaginaires à travers le militantisme des deux dernières décennies, par des analyses croisées, des approches diverses, des éléments de méthode. Pour aider à la mutation d’une espèce qui a failli crever d’excès et de routine et qui ne peut se reconstituer q’uen recréant le tissu d’une société en gestation. Michel Lecointe est professeur d’Ecole Normale, auteur d’un premier ouvrage, “S’ASSEOIR POUR SE REGARDER MARCHER, fantasmes et formation des enseignants.”Côté militantisme il a fait ses premières armes en 1965 à l’UNEF, comme président de l’association des étudiants d’Aix, avant d’adhérer au PSU puis à la CGT.