10-16 Mars 1977 • Thierry de Larochelambert, Raymond Murer
A Strasbourg, aux élections municipales le débat autour de la future centrale nucléaire de Gerstheim-Erstein met en relief la crainte et l’hostilité de la population alsacienne dans la concrétisation de ce projet nucléaire à 20 Km de Strasbourg. Thierry de Larochelambert et Raymond Murer, candidats PSU aux élections municipales adressent une lettre ouverte à M. Pflimlim, maire de cette ville. Ils dénoncent le manque de position claire de la part du Maire, par ailleurs également, Président du Port Autonome et de la CFNR (Compagnie Française de Navigation Rhénane ). Le PSU dénonce la politique de la droite en Alsace qui entraînera un développement industriel dangereux et incontrôlé. Il rappelle ses positions quant au nucléaire et le choix d’une autre société qu’il appelle de ses voeux.
A Lip, l’expulsion est imminente et les ouvriers attendent l’affrontement avec les forces de l’ordre. Des solutions existent pour que Lip reste une entreprise viable mais les pouvoirs publics se montrent réticents à toute aide financière. Le patronat local s’organise pour briser toute résistance ouvrière tant dans les industries métallurgiques et mécaniques (GIMM) de la région de Besançon, qu’à l’entreprise MODEL ou encore chez PEUGEOT. La répression est partout présente et si les ouvriers sont solidaires ils pourraient espérer plus de soutien de la part de la gauche. Cependant en période électorale, l’évocation des luttes de la classe ouvrière ne peut être que discrète…
Lip : dix mois après les luttes, l’usine vit encore. Les Lip veulent durer et s’organisent en conséquence. Les fabrications artisanales ont toujours lieu dans les ateliers et apportent un complément de salaire tout en popularisant le conflit. Les assemblées générales ont lieu tous les jours depuis dix mois. Trois cent cinquante personnes y participent en permanence (près de six cents passent à l’usine par roulement). Lip 73, c’était la première grande lutte pour l’emploi mais c’était aussi la dernière dans le cadre de l’économie capitaliste en phase d’expansion. Aujourd’hui, les Lip subissent la crise comme les autres. La stratégie du gouvernement et du patronat, c’est le pourrissement. Dans le contexte actuel, tout est fait pour ne laisser aucun espoir, pour n’offrir aucune perspective de solution à moyen ou à long terme. Pour « éclaircir » les effectifs, les patrons misent sur la lassitude. Les Lip veulent durer et s’organisent en conséquence. La communauté forgé il y a trois ans, malgré la fragilité des hypothèses de relance, les créances et les charges locatives, garde tout son sens. Le mot d’ordre reste : Lip vivra avec tous ses travailleurs.
Louviers, près de Rouen, une ville de vingt mille habitants serait-elle sur la route de l’autogestion ?. L’enjeu ce sont les élections municipales. Le Comité d’action de gauche dérange et se bat pour que la ville ne soit pas une ville morte car elle veut que l’avis de chacun soit entendu. En un mot, elle veut « rendre le pouvoir aux citoyens ». Force issue de la ville, forgée par et pour les Lovériens, le C.A.G. ne se paye pas de mots. Majoritaire aujourd’hui au conseil municipal, ses réalisations sont visibles, son combat est permanent : animation vivante, fête du Livre, gratuité des activités culturelles et sportives… L’autogestion, une utopie concrète ? Ce Comité d’action de Gauche (CAG) rassemble quatre vingt militants actifs, cent à deux cents dans les périodes les plus chaudes. C’est énorme pour une petite ville éloignée des grandes métropoles. Le combat est bien engagé contre le corporatisme et le conformisme. Les élus du CAG sont conjointement sous le contrôle du Comité et de la population. Une réussite à suivre.