Inflation, chômage, répression politique

Mots-clés : Mouvements sociaux, Politique Économique, stratégie syndicale

8 Novembre 1974 • André Barjonet

Longtemps « limitée » au domaine économique (inflation, échanges extérieurs, spéculation monétaire), la crise du système capitaliste se développe aujourd’hui dans le domaine social. En un an les demandes d’emploi non satisfaites ont augmenté de 28 % tandis que les offres d’emploi ont diminué de 30%. Le chômage touche environ 3,2% de la population salariée. La crise est voulue par le patronat qui souhaite une restructuration en profondeur par la concentration des emplois et la disparition des secteurs les plus traditionnels et des sous-traitants pour rentabiliser au mieux l’outil de production. La crise est aussi organisée par le pouvoir qui sacrifie délibérément les Charbonnages comme l’aviation civile, les équipements collectifs comme les services publics. La répression contre les ouvriers en grève ou les syndicats est de plus en plus présente. A cela il faut riposter en adaptant les luttes au contexte. Il faut transformer la tactique habituelle (défense du pouvoir d’achat, défense de l’emploi) en une stratégie offensive ou tout succès, même partiel, dans un secteur donné entraîne forcément des succès plus vastes dans d’autres branches industrielles.

Stratégie du pouvoir et réponse ouvrière

Mots-clés : Mouvements sociaux, Politique Économique, stratégie syndicale

8 Novembre 1974 • Victor Fay

Face à la stratégie du pouvoir pour faire face à la crise qui s’aggrave touchant non seulement la production mais très bientôt les services et la distribution, le secteur privé comme le secteur public ou nationalisé, la réponse ouvrière est difficile. Le pouvoir endort les travailleurs soit en leur proposant des augmentations de salaire, soit en leur promettant la titularisation des nombreux travailleurs en situation précaire. Le pouvoir organise la division entre travailleurs, usagers et chômeurs. La lutte aujourd’hui est avant tout celle de la défense de l’emploi. Il faut conjuguer les actions offensives en vue de la restructuration de certaines branches économiques et de la réorientation de certaines productions avec les actions défensives pour le maintien de l’emploi et pour la protection des chômeurs. Il faut adapter les moyens de lutte et faire face au pouvoir dans un pacte d’unité d’action. C’est au travers de ce pacte que les militants du courant révolutionnaire feront avancer, au sein du mouvement ouvrier global, l’idée du contrôle et de l’autogestion. La crise, avec toutes ses conséquences, permettra à la longue de faire progresser cette conception de la lutte pour le socialisme.

Le patronat veut gérer la crise

Mots-clés : Économie, Emploi

1er Novembre 1974 • E.Charles

Début Octobre le patronat, au cours de ses Assises, a analysé la crise économique et a tenté d’élaborer une stratégie pour la gérer au mieux de ses intérêts. Le changement de la situation économique a été brutal après une année de larges profits en 1973. La récession mondiale a compromis la stratégie de production et de profit et a créé de larges disparités selon les secteurs, tant sont contradictoires les intérêts en jeu. Cette diversité de situations et de stratégies patronales doivent être prises en compte dans les mots d’ordre lors de conflits sociaux. Il est difficile de se contenter de slogans pour défendre le pouvoir d’achat quand une entreprise licencie massivement. La logique du patronat est avant tout d’accroître la capacité de production et donc d’investir pour financer les nouveaux équipements nécessaires à la production. Il lui faut donc de larges profits, des crédits importants et bon marché et parfois même des aides de l’Etat. Dans cette optique, le patronat s’oppose à toute réglementation sur le droit de licenciement et préfère maintenir une réserve de chômeurs disponible selon les besoins. Le patronat ne veut, malgré tout, pas d’intervention dirigiste de l’Etat et se méfie de l’idéologie de la croissance ralentie.

L’emploi c’est pas du luxe

Mots-clés : Emploi, Mouvements sociaux, Politique Économique

28 Septembre 1974

« L’emploi c’est pas du luxe », un jeu de mots autour du paquebot de luxe « France « qui permet d’informer sur la crise de la marine marchande, de l’industrie du tourisme et des loisirs et de la question de la reconversion des industries, très coûteuses, comme le France ou Le Concorde. Le paquebot « France » est occupé par les salariés et bloqué dans le chenal du Havre. A terre, un Comité de Défense travaille pour défendre l’emploi au niveau régional et plus particulièrement dans la Marine Marchande. Le déficit de la marine marchande est actuellement de 20 millions de F par an et depuis 1960, la flotte commerciale française a perdu la moitié de ses emplois. Par ailleurs le marché des croisières, qui croit de 9% par an, pourrait lui aussi être réorienté du tourisme de luxe vers le tourisme social. La section P.S.U du Havre souligne la détermination des travailleurs et de la population havraise qui veulent faire échec à la suppression de 3 000 emplois. Elle s’associe et soutient les organisations syndicales et le comité de défense du Paquebot « France ».

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