Mots-clés : Afrique, Économie, Politique agricole
30 Mai 1973 • Tribune Libre de René Dumont
La famine en Afrique occidentale est la conséquence d’une stratégie colonialiste organisée qui profite du silence des Africains car ils se sentent responsables. Cette famine est le résultat d’une économie dominée par quelques privilégiés. Les coopératives et les offices d’Etat sont devenus les nouvelles structures d’exploitation des paysans pour la plupart analphabètes et donc incapables de contrôler et de participer au pouvoir. Les intérêts étrangers et la minorité urbaine, commerce et industries, professions libérales et surtout fonction publique prélèvent une part excessive d’un revenu national très modeste, ce qui ne permet pas d’envisager des investissements productifs pour l’agriculture et l’industrie.
Au-delà des conditions d’exploitation de l’Afrique, René Dumont montre la faillite du système de consommation et de production qui engendreront à terme la destruction des richesses naturelles par la pollution, l’épuisement des sources énergétiques, la dégradation des sols. La solidarité s’impose à l’échelle de la planète en vue de réduire les inégalités et il faut organiser l’économie mondiale sur la base d’une allocation centralisée des ressources rares sous peine de les voir disparaître.
9 Mai 1973 • Jean-François Merle
Dix ans après l’indépendance, l’Algérie se reconstruit et s’est imposée trois défis. Révolution agraire, charte de la gestion socialiste des entreprises et éducation sont les défis d’une orientation socialiste qui se fait sur la base d’une économie dont le décollage semble en bonne voie. La révolution agraire engage l’Algérie dans la création de nouveaux villages coopératifs où les habitants regroupés pourront bénéficier des facilités d’exploitation, d’équipement et de formation. Les bouleversements institutionnels qui affectent l’industrie ne sont pas moins grands que ceux qui changent les structures agraires. A travers les commissions, les représentants des travailleurs sont associés à l’ensemble des problèmes de production et à la gestion courante. L’Algérie doit également assumer le défi de l’alphabétisation de la grande majorité des travailleurs et leur formation dans l’exercice du pouvoir. Toutes ces choix posent d’autant plus de questions, que ces orientations nationales restent l’apanage du Conseil de la Révolution. Des adaptations et ajustements seront nécessaires une fois que l’essor économique sera effectif.
Mots-clés : Indépendance, Vietnam
25 Avril 1973 • Daniel Lenègre
En Indochine, les masques tombent. Les accords de Paris sont un paravent qui servent à masquer une nouvelle forme d’agression. Les Américains et leurs alliés refusent de reconnaître la victoire des forces populaires et tentent de la saboter par une politique insidieuse de grignotage des acquis des accords de Paris. Le problème des prisonniers politiques n’est pas réglé, le Laos et le Cambodge subissent des bombardements massifs. Au Vietnam, le statu-quo militaire, par le maintien d’une force importante de militaires et conseillers américains oblige à porter la lutte sur le plan politique. Au Cambodge, les forces du FUNK sont maîtresses d’environ 90% du territoire et ce malgré un important effort militaire de la part des américains pour tenter de sauver Lon Nol. La lutte politique, compte tenu des énormes moyens mis à la disposition des gouvernements réactionnaires installés par les Américains, risque d’être longue et meurtrière. C’est pourquoi la mobilisation doit se poursuivre de façon unitaire. Les peuples d’Indochine ont besoin de nous. Leur victoire est aussi celle de tous les peuples du monde.
Mots-clés : Indépendance, Répression
11 Avril 1973
Depuis un mois tous les bombardiers américains ont pilonné jour et nuit la zone libérée et les régions les plus peuplées du Cambodge. Ces bombardements de terreur ont pour but de sauver provisoirement de la déroute les mercenaires de Lon Nol et son régime anti populaire, anti national et anti démocratique. Le conflit cambodgien est du seul fait de l’agression américaine, il est le résultat du coup d’état du 18 mars 1970 organisé par l’administration Nixon qui a mis en place Lon Nol et son équipe avant d’envahir le territoire cambodgien. La loi d’urgence et l’état de siège ont été proclamés et toutes les libertés sont supprimées. Les hommes de main de Lon Nol ont froidement exécuté de nombreux professeurs et étudiants qui auraient participé à des grèves. En ce début 1973, la situation à Phnom Phen est critique et il y manque de tout. Les Forces de l’armée populaire de libération nationale (FAPLNK) affirment qu’ils se battront jusqu’au bout pour libérer le Cambodge, comme l’affirme ce témoignage de Chau Seng lors d’une conférence de presse.