Le PSU par l’adoption de son manifeste ouvre la voie du socialisme autogestionnaire et lance un débat au sein du mouvement ouvrier socialiste. L’autogestion constitue l’axe politique autour duquel se construira la société socialiste et représente le prolongement du combat pour le contrôle ouvrier et le contrôle populaire. Ce combat n’a de sens que s’il s’inscrit clairement dans la perspective du renversement du capitalisme et de la bourgeoisie qui assure aujourd’hui le pouvoir politique. Les candidatures aux prochaines élections montreront qu’une perspective nouvelle est ouverte pour des propositions unitaires de gauche et d’extrême gauche pour faire face au durcissement du régime.
Après une analyse générale de la société de 1972 et des jeux politiques du PCF et du PS, le bureau exécutif de l’alliance marxiste affirme son adhésion au projet autogestionnaire du P.S.U. pour une construction politique d’avant-garde contre l’impérialisme et le capitalisme. Pour l’A.M.R. l’autogestion n’est pas seulement la conception d’une république des Conseils de travailleurs, c’est aussi l’axe d’une stratégie de la prise de pouvoir des travailleurs par le contrôle direct de leur activité productive et sociale. C’est autour de l’autogestion socialiste que peut, selon eux, se restructurer le mouvement ouvrier et se construire comme un parti révolutionnaire. Seule la rupture avec le réformisme et le stalinisme peuvent permettre l’organisation de ce parti révolutionnaire.
Le 8ème Congrès a adopté à Toulouse les 9, 10 et 11 Décembre 1972 le Manifeste « Contrôler aujourd’hui pour décider demain ». Celui-ci servira de support à l’orientation et à l’action du Parti. Au-delà d’un texte théorique sur la société de transition au socialisme, le Manifeste est présenté comme un texte stratégique pour la construction d’une force socialiste autogestionnaire. Il permet au PSU de se présenter comme une force de gauche face au programme commun PS-PCF. Ce programme lui permettra d’affirmer de façon autonome sa politique pour que l’autogestion et le contrôle des travailleurs puissent exister comme un combat commun du mouvement ouvrier.
Après deux ans de divisions internes et un nombre important de départs de militants opposés à la ligne majoritaire, le P.S.U. semblait bien malade, mais le vote à 84% du Manifeste prouve l’unité retrouvée. Cela n’exclut pas les divergences, en particulier, sur la nature de l’État dans la transition au socialisme et plus précisément sur les rapports, dans le cadre autogestionnaire, entre les pouvoirs des conseils et le pouvoir central. Cependant ce Manifeste pose les bases du projet d’une société autogestionnaire qui rompt avec la tradition du socialisme bureaucratique et qui explique comment une société qui donne le pouvoir à tous les travailleurs sans pour autant priver les hommes et les femmes qui la composent de leurs droits et de leur liberté peut-être un projet mobilisateur.