Il y a dix ans, Jean-Luc Einaudi publiait un livre dont le retentissement allait être considérable : La Bataille de Paris racontait, contre la version officielle, comment, dans la nuit du 17 octobre 1961, la police parisienne avait fusillé, noyé, massacré à coups de crosse des Algériens désarmés qui manifestaient pacifiquement à l’appel du FLN contre le couvre-feu. Cette nouvelle enquête précise et consolide par la preuve la connaissance que nous avons des événements, après l’ouverture des archives officielles à laquelle Jean-Luc Einaudi a pris une large part : son témoignage lors du procès Papon, dans le cadre de l’examen de carrière de celui qui avait également été préfet de police à Paris en octobre 1961, contribua à porter l’affaire à la connaissance du grand public. Début 1999, dans le cadre du procès en diffamation que lui avait intenté Maurice Papon, et à l’issue duquel celui-ci fut débouté de ses demandes, le Parquet de Paris reconnut la réalité du massacre. Alors s’entrouvrirent les premières portes… Jean-Luc Einaudi a ainsi pu consulter les archives du ministère de la Justice, du Parquet de Paris, des Hôpitaux de Paris, de la Gendarmerie, de la Préfecture de Police, et a recueilli de nouveaux témoignages. Ce qui lui permet d’affirmer et de démontrer que la répression policière fit environ 200 morts, et que le 17 octobre 1961 et les jours suivants, en plein cœur de Paris, la police massacra au faciès au vu et au su des plus hautes autorités gouvernementales.
EINAUDI Jean-Luc
2001
23,5 x 15,3 cm, 394 p.
Fayard
Qui manifeste en France, pourquoi et sous quelles bannières ? Quelle est la place du recours à la rue parmi les formes classiques de la participation politique ? Quel sens donner à la violence qui, parfois, accompagne la protestation ? Par quels moyens le pouvoir politique et les forces de police essaient-ils de concilier le droit de manifester avec le maintien de l’ordre public ? Autant de questions auxquelles ce livre cherche à répondre. Ce livre propose une interprétation dynamique des conflits de rue qui replace les événements dans leur environnement politique et recherche l’explication de leur succès ou de leur échec dans le jeu à trois qui, sur le terrain, fait se rencontrer les autorités politiques, les forces de l’ordre et les manifestants. L’approche choisie ici permet de rompre avec les études classiques sur les mobilisations en montrant comment l’ordre public et l’action collective sont les deux faces d’un même phénomène par lesquelles s’expriment les demandes et les incertitudes d’une société. L’ouvrage repose sur des documents inédits : les archives de la préfecture de police de Paris, du service central des CRS et de deux commissariats centraux de province. La richesse de ces sources révèle un véritable continent immergé des pratiques de participation directe (sans doute plus de dix mille manifestations par an) et invite à ne plus seulement retenir du phénomène ses traductions les plus visibles, celles qui induisent ou accompagnent des crises politiques. L’occupation de la rue s’inscrit dans les pratiques les plus quotidiennes des Français. Leur étude, à laquelle se livre l’auteur, fait surgir toute une souffrance sociale, à travers les litanies de la plainte, de la haine et du désir. OLIVIER FILLIEULE, docteur en science politique, a été Jean Monnet Fellow à l’Université européenne de Florence et enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris. Il a publié notamment Sociologie de la protestation. Les formes de l’action collective dans la France contemporaine (L’Harmattan, 1993) et, avec Cécile Péchu, Lutter ensemble. Les théories de l’action collective (L’Harmattan, 1993).
FILLIEULE Olivier
1997
22 x 13,5 cm, 435 p.
Presses de Sciences Po
Voici enfin une manière neuve et réjouissante d’écrire l’histoire. Ce ne sont ni les figures de proue, ni les hauts faits mille fois rapportés et interprétés qui intéressent Richard Cobb. Dans le tourbillon de la Révolution française et de l’Empire, c’est au lampiste qu’il s’attache, au Français anonyme qui tenta de faire l’événement et réussit surtout à le subir. Son histoire de la protestation populaire à cette époque s’appuie sur une documentation à base de langage. Après une analyse des sources de l’histoire populaire qui nous vaut une inquiétante et savoureuse incursion dans le monde de la police, Richard Cobb expose les différentes formes que prirent la protestation du peuple et la répression exercée par les autorités. La troisième partie de son ouvrage – la plus importante – nous fait revivre la disette de l’An III, avec ses souffrances, ses lâchetés, et l’acuité des conflits entre le paysan et le citadin : sur ce thème se cristallisent en effet toutes les formes d’expression politique populaire. Ainsi nous est restitué, tel qu’il fût, le sans-culotte, bon enfant et sanguinaire, généreux et égoïste, activiste et passif. Tout un menu peuple grouillant et haut en couleurs renaît sous nos yeux pour dessiner une autre France. Et le regard plein d’humour que jette sur lui l’auteur ne parvient pas à cacher la profonde sympathie qu’il éprouve à son égard. Mieux, il réussit à nous la communiquer.
COBB Richard
1975
21 x 14 cm, 322 p.
Calman-Levy