L’ambassadeur américain a reçu comme consigne de laisser le général Ky réduire par la force l’insurrection bouddhiste de Da Nang et de Hué en évitant l’assaut sur les deux pagodes où s’étaient retranchés avec leurs pauvres armes les combattants de la nouvelle rébellion. Frondes contre carabines automatiques, gourdins contre mitrailleuses, pas de ravitaillement, pas d’équipement sanitaire contre le gigantesque appareil logistique de la U.S. Navy, de la U.S. Air Force qui appuient l’armée de Ky, ont abouti à la reddition de Da Nang et la capitulation de Hué. Tout le Vietnam sait combien cette victoire est un simulacre. Les bouddhistes ont boycotté le congrès militaire et populaire et rejoignent les revendications de l’ensemble du peuple vietnamien du droit à disposer d’eux-mêmes sans intervention extérieure, mais cela l’Amérique de Johnson est toujours incapable d’y consentir. C’est pourquoi la guerre continue.
Lors de son Congrès, le S.N.E-Sup a exprimé sa volonté de remettre en cause les structures inefficaces de l’université et a décidé d’une plate-forme revendicative forte. Il dénonce l’organisation professeurs – maîtres assistants et le manque de formation donnée aux futurs enseignants. Il décide d’une plate-forme syndicale à discuter dans toutes les universités et par tous.
Joan Baez témoigne par le chant et une activité politique en faveur du peuple vietnamien. Elle souhaiterait que de nombreuses actions contre la violence au Vietnam voient le jour aux Etats-Unis et dit son soutien également à la révolte des noirs américains. Pour elle « défense du communisme » ne signifie rien devant l’atrocité et l’agression des américains au Vietnam. Elle dénonce les faux-semblants du discours sur le désarmement et dit son attachement à la fin d’une guerre inutile et injustifiée. Avec sa venue c’est la lutte pour la paix au Vietnam, pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs, pour l’interdiction des armes atomiques qui prend un nouveau visage.
Des manifestations à Paris, Valence, Marseille pour une aide au Vietnam ont eu lieu ce mois de Mars 1966. La manifestation parisienne n’a pas été ce qu’elle aurait pu être et beaucoup en attendait plus. L’absence d’unité des organisations de gauche a gêné considérablement le mouvement de contestation. La lutte pour imposer la paix au Vietnam, pour la reconnaissance du F.N.L. et pour l’exigence du départ des troupes américaines ne font que commencer. Mais avec un peu d’audace, tous les adversaires de la guerre criminelle menée par les États-Unis sauront se rejoindre et créeront un vaste mouvement de protestation contre l’impérialisme américain.