31 Janvier 1973 • Daniel Lenègre, Gabrielle Mallet
L’accord de cessez-le feu intervenu au Vietnam est une victoire sur l’impérialisme américain, mais une victoire à construire. En effet, les tenants du capitalisme vont transformer leur tactique et favoriser, par la pénétration économique, l’émergence d’un Vietnam capitaliste. Aujourd’hui l’enjeu est le contrôle du pouvoir à Saigon car Thieu est déterminé à empêcher les Vietnamiens de choisir librement ceux qui les gouverneront. Il intensifie la répression , bloque le fonctionnement des accords en jouant sur les ambiguïtés inhérentes aux textes, il fera tout, également, pour retarder les élections démocratiques en imposant des élections présidentielles. Il dispose d’une force de dissuasion considérable avec les bases américaines en Thaïlande. Envenimer la situation et provoquer une guerre civile est tout à son avantage. Le dernier obstacle à la liberté du peuple vietnamien et à la réunification est bien celui du pouvoir de Thieu, toujours soutenu par les américains. C’est la victoire politique qui reste à construire au travers de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le PSU sera aux côtés des Vietnamiens, comme avant et même plus qu’avant.
24 Janvier 1973 • Yves Pelissier, Rémy Grillault
On ne peut oublier les massacres innombrables et les crimes de guerre commis par l’impérialisme pour imposer sa domination même si la signature du cessez-le-feu au Vietnam, le mardi 23 Janvier à 21H, peut permettre de se féliciter de la victoire du Vietnam . Malgré l’accord du cessez-le-feu et les nombreuses fausses promesses de Nixon, il est à peu près certain, que les Américains ne vont pas se retirer de la péninsule indochinoise tout de suite. Et dans tous les cas, comment oublier les centaines de villages rasés, vidés de leur population et le droit à tuer donné aux GI’S ? Comment oublier les mots d’ordres américains qui étaient de rendre toute vie impossible en s’attaquant au ravitaillement de la population, en déversant des produits chimiques qui anéantiront pour des centaines d’années la terre ? Cet accord du mardi 23 Janvier a surpris puisque le samedi 20 janvier, 1500 manifestants réclamaient le départ de Thieu et l’installation du GRP à Saigon. La Une du journal Tribune Socialiste a été modifiée en dernière minute.
La rencontre nationale sur l’autogestion des 20 et 21 Janvier 1973, organisée par les revues « Politique Aujourd’hui », « Critique Socialiste », « Autogestion et Socialisme », ne fut pas à l’évidence l’évènement politique marquant de ces dernières semaines. Elle fut boudée par la presse qui trouve le sujet trop théorique pour une campagne électorale. Pourtant plusieurs aspects de cette rencontre pourraient bien constituer l’amorce de transformations politiques importantes pour l’avenir. Clairement inscrite dans une stratégie révolutionnaire dont l’axe est, aujourd’hui, le contrôle des travailleurs, l’autogestion est apparue, lors de cette rencontre, comme le point de départ d’une réflexion approfondie du mouvement socialiste sur le problème du pouvoir. La grande diversité dans la participation doit être analysée comme l’avènement d’une force politique qui provoquera d’importantes restructurations politiques aussi bien à gauche qu’à l’extrême gauche. Il faut cependant préciser que la construction d’une telle force ne se fera que sur la mise en pratique d’une véritable stratégie active au-delà des mots. Cette rencontre maintenue avant les élections montre que l’on ne peut pas isoler une perspective de prise de pouvoir par l’ensemble de la gauche et le combat pour l’autogestion. Le PSU, pour sa part, ne cessera de mener de front ces deux combats.
En janvier 1973, création du Comité pour l’autogestion socialiste (CLAS) avec Objectif Socialiste (issu du mouvement catholique Vie nouvelle), l’alliance marxiste révolutionnaire (AMR – trotskistes tendance pabliste) et les Centres d’Initiatives Communistes (CIC- issus du PC : Victor Leduc, Serge Depaquit).