1978 • DEPARDON Raymond (Présentation) - Photos de Gilles Caron
Cote : CARO
Reportages de Gilles Caron depuis décembre 1966 Soixante et onze photos, parmi les milliers d’images qu’avait faits Gilles Caron… Pourquoi ne montrer ici que celles-là ? Depuis qu’il avait, avec d’autres, fondé l’agence Gamma le 1er janvier 1967, il n’avait jamais cessé de travailler : la liste de ses reportages le montre. Mais si son nom a pu faire si vite le tour du monde, c’est qu’on le trouvait au bas de quelques photographies illustrant certains des événements les plus dramatiques de notre époque. Et, puisqu’il fallait choisir, nous avons tiré ces images de huit de ces grands reportages-là. Il n’a guère eu le temps d’en faire plus. Quand il a disparu au Cambodge moins de quarante mois plus tard, il n’avait pas encore trente et un ans.
DEPARDON Raymond (Présentation) – Photos de Gilles Caron 1978 28 X 22 cm, 78 p. Editions du Chêne
Au Vietnam, après la victoire des forces révolutionnaires la page à écrire est une tâche d’une grande ampleur. Après l’accueil à Saigon, dans la liesse populaire, après le ralliement de la troisième composante, le gouvernement révolutionnaire met en place sa politique de « concorde nationale ». La volonté affirmée par le gouvernement révolutionnaire de faire table rase de l’ancien régime, d’éliminer toute séquelle de la domination impérialiste, d’instaurer un pouvoir populaire et d’étendre la réforme agraire, ouvre la voie vers le socialisme. Cependant tous les problèmes soulevés démontrent que la tâche est ardue et on peut s’interroger sur les réactions de Pékin comme de Moscou. La solidarité avec le Vietnam est plus que nécessaire pour la remise en route d’une économie exsangue et pour faire face aux besoins matériels de première nécessité.
La défaite US en Indochine est aujourd’hui une réalité car Thieu a enfin démissionné. Cette démission était prévisible compte tenu de la débâcle de l’armée saïgonnaise et de la décomposition du régime de Thieu devant l’offensive des forces révolutionnaires vietnamiennes. Le GRP, à l’annonce de cette démission, a réaffirmé son objectif de formation « d’une administration favorable à la paix, à l’indépendance et à la concorde nationale et qui accepte d’appliquer les accords de Paris ». Le tandem Ford-Kissinger s’obstine dans sa tentative de sauver la mise et appelle « toutes les parties intéressées pour l’ouverture des négociations », mais il est trop tard. L’impérialisme américain devra s’incliner définitivement devant sa défaite majeure face aux révolutionnaires vietnamiens qui ont su combiner toutes les formes de la lutte militaire à l’action politique et sociale. Saigon est tombée et a été rebaptisée « Ho Chi Minh-Ville » tout reste à construire et la tâche qui incombe au GRP est immense.
Après cinq années de guerre, les révolutionnaires du Cambodge récoltent les fruits de la victoire. Ils ont fait une entrée triomphale à Phnom Penh. Le GRUNK et le FUNK ont pu faire échec en 1970 à l’agression directe des troupes américaines, provoquer la déroute des mercenaires envoyés par Saigon en 1971 et celle des troupes de Lon Nol en 1972. Ils ont, en 1973, dominé les bombardements et le génocide américain et ont aujourd’hui pu libérer Phnom Penh. A la base de toutes ces victoires se trouve le pouvoir populaire organisé à travers les forces armées et dans toutes les associations et lieux de vie. Ces organisations réunies en Congrès dans les zones libérées ont ainsi pu affirmer la naissance d’un Cambodge authentiquement « indépendant, pacifique, non aligné et démocratique ». Une ligne politique a été définie tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur pour la totalité du pays.