De 1949 à 1965, Socialisme ou Barbarie, honoré par une conspiration universelle du silence a été la seule publication en France ou ailleurs à poursuivre une réflexion originale sur la révolution dans le monde moderne. Elucider l’histoire contemporaine, s’y orienter en vue de l’action, mais tout autant jauger la conception héritée – le marxisme – à sa capacité de permettre un tel travail, ont été ses visées centrales. Les textes que rassemble cette ré-édition – étendue sur plusieurs volumes et augmentée de nombreux inédits – ont formulé et fondé les idées qui restent pierre de touche et point de départ pour la pensée et l’action révolutionnaire aujourd’hui : dévoilement de la nature de la bureaucratie, socialiste ou non, comme nouvelle couche dominante et exploiteuse ; définition de l’objectif révolutionnaire comme gestion collective de toutes les activités sociales, suppression de toute hiérarchie, égalité absolue de tous les revenus ; extension de la problématique révolutionnaire à toutes les dimensions de l’existence sociale, et en premier lieu à la vie quotidienne ; nécessité d’un bouleversement conscient de la technologie contemporaine. Ce sont là quelques-unes des idées qui, comprises dans toutes leurs virtualités, conduisent à un ré-examen critique de l’économie et de la philosophie marxistes, à la démonstration de son appartenance à l’univers occidental-capitaliste, et à une nouvelle vue du social-historique comme domaine de la création imaginaire. .
CASTORIADIS Cornelius
1973
18 x 10,8 cm, 317 p.
UGE 10/18
Despotisme dans l’atelier, anarchie dans la société : tel était, selon Marx, le capitalisme. Despotisme et anarchie, dans l’atelier et dans la société, tel est en vérité le capitalisme bureaucratique de notre époque, dont les régimes de l’Est représentent la forme la plus achevée. La période 1949-1960, que concernent les textes ici réunis, en a fourni la vérification expérimentale. La crise yougoslave (1949-50) montrait déjà que les luttes entre bureaucraties nationales ne sont nullement accidentelles — ce que le conflit russo-chinois a, depuis, confirmé. La « planification » bureaucratique de l’économie remplace l’anarchie du marché par des irrationalités et des gaspillages immenses, mis en lumière par le XXe Congrès du P.C.U.S. et les événements de 1956, qui sont le produit nécessaire de la domination d’une couche séparée des producteurs et en conflit frontal avec ceux-ci. Les travailleurs insurgés sont ainsi naturellement amenés à lutter pour la gestion collective de la production et le pouvoir de leurs propres Conseils (Hongrie, 1956). Et il n’y aurait d’illusion plus catastrophique, que de croire qu’un parti communiste, aussi « réformé » soit-il, puisse faire autre chose que reconduire la société vers le pouvoir totalitaire de la bureaucratie (Pologne, 1956-57). .
CASTORIADIS Cornelius
1973
18 x 10,8 cm, 441 p.
UGE 10/18