Juin 2016 • Chahla Chafiq, Jean Baubérot, Jean-Michel Ducomte, Soad Baba-Aissa, Monique Dental - Jean Boussinesq, Alexandre Derczansky, Driss El Yazami, Ezzedine Mestiri, Jean-Louis Schlegel
Si en théorie la laïcité est censée être un facteur d’unité, du vivre ensemble, nous voyons bien que dans les faits son évocation suscite des débats particulièrement durs, dans lesquels s’opposent un rigorisme qui se veut sans faille, poursuivant les expressions religieuses dans l’espace public au risque de nier les diversités culturelles et historiques, et d’un autre côté la défense absolue de celles et ceux représentant le symbole des opprimés au risque de ne plus avoir le moindre sens critique vis-à-vis des aspects les plus rétrogrades des offensives religieuses actuelles. Au-delà : les questions des droits, de la culture, du racisme, de notre histoire, notamment coloniale, de l’égalité entre femmes et hommes, des « minorités »…. qui mettent en jeu notre regard sur l’histoire et le monde, le passé et le présent. Nous n’avons donc pas cherché dans cette publication à faire apparaître une position (ou des positions) qui permettrai(en)t de trancher un débat engagé en fait depuis longtemps, sous des formes et avec des contenus variables, mais plutôt à faire apparaître les enjeux politiques essentiels des débats actuels.
Sommaire :
Chahla Chafiq : Le religieux, le politique et la laïcité : les défis actuels
Jean Baubérot: Les sept laïcités françaises
Jean-Michel Ducomte : La laïcité face au défi de la diversité culturelle
Soad Baba-Aissa:Musulmane sociologique
Monique Dental :Stratégies des mouvements féministes face aux défis politico-religieux dans les conférences mondiales onusiennes de 1990 à 2005
Document : Table ronde avec : Jean Bauberot, Jean Boussinesq, Alexandre Derczansky, Driss El Yazami, Ezzedine Mestiri, Jean-Louis Schlegel La laïcité dans la société multiculturelle de demain
12 Mai 2016 • Gustave Massiah, Carine Delahaie
Les forums sociaux mondiaux prolongent et renouvellent les formes d’expression du mouvement altermondialiste, qui renouvelait lui-même les mouvements d’émancipation précédents (mouvement ouvrier, mouvement paysan, mouvement des femmes…). En 2009, les forums ont abordé la question de mesures immédiates (contre les paradis fiscaux, pour l’annulation des dettes illégitimes…), mais aussi celle d’une transition sociale, écologique et démocratique. Aujourd’hui le processus est confronté à la question de savoir comment partir de la différenciation des stratégies de chacun pour construire quelque chose de commun. Pour Gustave Massiah, la situation actuelle oblige à une réinvention nécessaire de ces forums, dont la particularité est de partir des points de vue des mouvements sociaux.
Gustave MASSIAH, est membre fondateur du Cedetim (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale) et de IPAM (Initiatives pour un autre monde), ancien vice-président d’Attac et ancien secrétaire général de la Ligue pour les droits et la libération des peuples, coorganisateur de plusieurs Forums Sociaux Mondiaux.
Femmes solidaires a participé aux forums sociaux européens de 2001 à 2006 (Florence, Paris, Athènes), dans lesquels se sont trouvées posées, à travers les batailles pour les droits des femmes (contre la prostitution, pour l’avortement et la contraception, l’égalité femmes-hommes, la laïcité…), les questions de la place de la démocratie dans le développement des mouvements, des rapports entre luttes féministes et luttes anti-impérialistes, entre luttes pour les droits des femmes et lutte des classes, entre radicalité et violence.
Carine DELAHAIE est militante féministe, responsable de Femmes Solidaires (mouvement féministe et de transformation sociale), rédactrice en chef de Clara Magazine.
Débat avec Réjane Sénac et Monique Dental 3 Juin 2015 18H30 Institut Tribune Socialiste, 40 Rue de Malte 75011 Paris
En ce début de XXIe siècle marqué par la crise économique et par la défiance politique, comment comprendre le hiatus persistant entre l’égalité de droit proclamée par le pays des droits de l’Homme et les inégalités sociales et économiques qui le caractérisent ? L’enjeu de ce débat est d’analyser ce qui résiste à l’application du principe d’égalité à celles et ceux qui ont été exclu.e.s historiquement et théoriquement de la fraternité républicaine, à savoir les femmes et les « non-blancs ». Il pose pour cela la question du sens du principe d’égalité, de ses justifications publiques, et des moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre. L’analyse croisée de rapports, de discours, de données quantitatives et d’enquêtes qualitatives montre qu’en transformant les facteurs d’exclusion, puis de discrimination, en facteur d’inclusion, la promotion de la parité et de la diversité porte une égalité sous conditions de performance de la différence pour les « non-frères ». Afin que l’égalité retrouve un sens et une épaisseur politique, n’est-il pas temps de comprendre qu’elle est devenue un marqueur de respectabilité et de légitimité, instrumentalisé pour « enchanter » le tournant néolibéral ?
Réjane Sénac est chargée de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po – CEVIPOF. Elle a notamment publié L’invention de la diversité (PUF, 2012), L’ordre sexué – La perception des inégalités femmes-hommes (PUF, 2007) et le « Que sais-je ? » sur La parité (PUF, 2008). Elle vient de publier, aux Presses de Sciences Po : « L’égalité sous conditions: genre, parité, diversité ».
Militante associative et féministe de longue date, Monique Dental a fondé au milieu des années 1970 le Collectif Féministe « Ruptures ». Dès 1986, cette association a initié des pratiques paritaires dans le Mouvement Arc-en-Ciel. A partir de 1993, elle a coordonné les actions du premier collectif féministe « Femmes pour la Parité », puis celles du « Réseau Femmes et Hommes pour la parité. Au cours de son expérience professionnelle dans l’institution des Droits des Femmes, elle a été chargée de la mise en place du premier Observatoire de la parité en 1996 et 1997. Pour le Réseau Féministe « Ruptures », l’exercice d’une vraie parité femmes-hommes dans toutes les prises de décision politique, sociale, économique et culturelle symbolise « l’utopie d’une nouvelle citoyenneté ».
« L’utopie d’une nouvelle citoyenneté », pour le Réseau Féministe « Ruptures », symbolise l’exercice d’une vraie parité femmes-hommes dans toutes les prises de décision politique, sociale, économique et culturelle. Monique Dental retrace ici les moments forts des luttes pour l’égalité des droits qui ont abouti à la Loi sur la parité en 2014 sans pour autant donner satisfaction aux organisations féministes. Les luttes pour l’égalité sont passées de la revendication des quotas, à la revendication des parités, et à l’élargissement de la parité à toutes les questions sociales, au-delà de la parité politique. Elles ont été liées à de multiples débats philosophiques et juridiques. En posant la question de la parité comme concept ou moyen elles ont opposé la conception universaliste à la conception essentialiste de l’égalité des droits et cette question n’est toujours pas tranchée aujourd’hui. En effet la question de l’égalité des droits reste aujourd’hui un postulat de départ mais ne donne aucun moyen concret pour répondre à l’aspiration d’une prise en compte réelle des situations des femmes et de leurs volonté de participer pleinement à la vie politique ou associative ou à agir dans la société. C’est dans ce sens que les associations féministes considèrent la Loi « dite de » parité, votée en 2014 insuffisante pour créer une dynamique de renouvellement politique et un changement réel de société.
Monique Dental a fondé le Collectif Féministe « Ruptures ». Elle a coordonné les actions du premier collectif féministe « Femmes pour la Parité », puis celles du « Réseau Femmes et Hommes pour la parité.