Mots-clés : Organisation du travail, parité
12 Avril 2016 • Sophie Binet
la « loi travail » (El Khomri) envisagée remet en cause l’ensemble des droits des travailleuses et des travailleurs. En mettant en avant le principe de la négociation cette nouvelle loi ne prend pas en compte le fait que, dans la pratique, c’est la loi qui a fait avancer les droits. Les femmes sont d’autant plus concernées par les projets actuels qu’un grand nombre d’entre elles sont dans les secteurs où dominent la précarité, la flexibilité, la sous-estimation des métiers à risques, où les syndicats sont le moins implantés, et où les luttes à mener sont les plus difficiles.
Depuis 1999 la CGT a mis en place la parité au niveau confédéral et adopté une charte sur l’égalité femmes/hommes annexée aux statuts confédéraux. Encore faut-il faire vivre la charte dans les faits ! Un rapport de situation comparée (sur l’égalité femmes/hommes) a été élaboré, permettant d’observer la situation réelle à tous les niveaux.
Sophie Binet est dirigeante confédérale de la CGT chargée de l’égalité femmes/hommes, et secrétaire adjointe de l’UGIC-CGT (ingénieurs, cadres et techniciens).
Mots-clés : Organisation du travail, parité
12 Avril 2016 • Rachel Silvera
Les femmes et le syndicalisme en France, une contradiction ou une réalité ? Rachel Silvera en explicite les difficultés. Syndicats et femmes n’ont pas toujours fait bon ménage. Différentes lois, réformes et mouvements ont, depuis quelques dizaines d’années, incontestablement contribué à une prise en compte de l’objectif d’égalité professionnelle Femmes/Hommes. Aujourd’hui la part des femmes syndiquées continue à progresser (malgré le contexte de désyndicalisation), mais leur présence dans les organismes de direction est encore faible, sauf aux niveaux supérieurs lorsque les quotas l’imposent. Le contexte économique, la structure des emplois, la tradition culturelle syndicale, la division sexuée du travail, le turnover des responsables… peuvent expliquer cette situation, et ouvrir des pistes de transformation possibles.
Rachel Silvera est économiste, maîtresse de conférence à l’Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense, co-directrice du groupe de recherche MAGE (Marché du travail et genre en Europe).
Mots-clés : diversité, lien social, parité
Débat avec Réjane Sénac et Monique Dental 3 Juin 2015 18H30 Institut Tribune Socialiste, 40 Rue de Malte 75011 Paris
En ce début de XXIe siècle marqué par la crise économique et par la défiance politique, comment comprendre le hiatus persistant entre l’égalité de droit proclamée par le pays des droits de l’Homme et les inégalités sociales et économiques qui le caractérisent ? L’enjeu de ce débat est d’analyser ce qui résiste à l’application du principe d’égalité à celles et ceux qui ont été exclu.e.s historiquement et théoriquement de la fraternité républicaine, à savoir les femmes et les « non-blancs ». Il pose pour cela la question du sens du principe d’égalité, de ses justifications publiques, et des moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre. L’analyse croisée de rapports, de discours, de données quantitatives et d’enquêtes qualitatives montre qu’en transformant les facteurs d’exclusion, puis de discrimination, en facteur d’inclusion, la promotion de la parité et de la diversité porte une égalité sous conditions de performance de la différence pour les « non-frères ». Afin que l’égalité retrouve un sens et une épaisseur politique, n’est-il pas temps de comprendre qu’elle est devenue un marqueur de respectabilité et de légitimité, instrumentalisé pour « enchanter » le tournant néolibéral ?
Réjane Sénac est chargée de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po – CEVIPOF. Elle a notamment publié L’invention de la diversité (PUF, 2012), L’ordre sexué – La perception des inégalités femmes-hommes (PUF, 2007) et le « Que sais-je ? » sur La parité (PUF, 2008). Elle vient de publier, aux Presses de Sciences Po : « L’égalité sous conditions: genre, parité, diversité ».
Militante associative et féministe de longue date, Monique Dental a fondé au milieu des années 1970 le Collectif Féministe « Ruptures ». Dès 1986, cette association a initié des pratiques paritaires dans le Mouvement Arc-en-Ciel. A partir de 1993, elle a coordonné les actions du premier collectif féministe « Femmes pour la Parité », puis celles du « Réseau Femmes et Hommes pour la parité. Au cours de son expérience professionnelle dans l’institution des Droits des Femmes, elle a été chargée de la mise en place du premier Observatoire de la parité en 1996 et 1997. Pour le Réseau Féministe « Ruptures », l’exercice d’une vraie parité femmes-hommes dans toutes les prises de décision politique, sociale, économique et culturelle symbolise « l’utopie d’une nouvelle citoyenneté ».
Mots-clés : diversité, parité
3 Juin 2015 • Monique Dental
« L’utopie d’une nouvelle citoyenneté », pour le Réseau Féministe « Ruptures », symbolise l’exercice d’une vraie parité femmes-hommes dans toutes les prises de décision politique, sociale, économique et culturelle. Monique Dental retrace ici les moments forts des luttes pour l’égalité des droits qui ont abouti à la Loi sur la parité en 2014 sans pour autant donner satisfaction aux organisations féministes. Les luttes pour l’égalité sont passées de la revendication des quotas, à la revendication des parités, et à l’élargissement de la parité à toutes les questions sociales, au-delà de la parité politique. Elles ont été liées à de multiples débats philosophiques et juridiques. En posant la question de la parité comme concept ou moyen elles ont opposé la conception universaliste à la conception essentialiste de l’égalité des droits et cette question n’est toujours pas tranchée aujourd’hui. En effet la question de l’égalité des droits reste aujourd’hui un postulat de départ mais ne donne aucun moyen concret pour répondre à l’aspiration d’une prise en compte réelle des situations des femmes et de leurs volonté de participer pleinement à la vie politique ou associative ou à agir dans la société. C’est dans ce sens que les associations féministes considèrent la Loi « dite de » parité, votée en 2014 insuffisante pour créer une dynamique de renouvellement politique et un changement réel de société.
Monique Dental a fondé le Collectif Féministe « Ruptures ». Elle a coordonné les actions du premier collectif féministe « Femmes pour la Parité », puis celles du « Réseau Femmes et Hommes pour la parité.