La restructuration capitaliste est indissociable d’une nouvelle politique de l’emploi et de l’organisation du travail. Les industriels passent la main aux financiers. Le marché s’adapte à la conjecture mondiale et entraine la mobilité forcée des travailleurs et l’accroissement du chômage. On assiste à une nouvelle division du travail au sein de la classe ouvrière. L’organisation du travail est modifiée par les nouvelles technologies, le déclassement des emplois et la sous-traitance. La multiplication des statuts au sein de la même entreprise échappant aux conventions collectives divise les travailleurs. L’institutionnalisation du temps partiel notamment pour les femmes comme la remise en cause du SMIC, au profit de minima négociés par branche, fragilise le travailleur. Tout est mis en place pour rendre l’accès au travail difficile pour les jeunes, les femmes, les immigrés et les habitants des régions condamnées par le redéploiement industriel. Face aux nouvelles contraintes du capitalisme, il faut réfléchir à une autre politique industrielle et sur les normes de productivité. Le carrefour de la rencontre de Poitiers pourra donc se saisir de ces questions car il contient des enjeux majeurs pour l’avenir du mouvement autogestionnaire.
9-15 Novembre 1978 • Les Paysans du Larzac
Les paysans du Larzac décident une marche à travers la France jusqu’à Paris pour que « Vive le Larzac ». Sur les communes de La Roque-Sainte-Marguerite et de la Cavalerie, le tribunal de Grande Instance de Rodez a pris des ordonnances d’expulsion à l’encontre de 27 personnes, cinq exploitations, sept foyers, pour permettre l’extension du camp militaire. Rejoints dans leur combat par des travailleurs confrontés aux difficultés économiques quotidiennes nées de la politique d’austérité et de régression sociale, les paysans veulent expliquer les raisons de leur opposition au projet. Ils dénoncent l’atteinte à la démocratie, la ruine de la région par l’accélération de la désertification suite aux fermetures d’entreprises et la suppression des emplois. Ils veulent proposer une réflexion sur un autre type de défense contre l’exploitation capitaliste du territoire et sur la possibilité d’une autre définition collective des besoins et de la production. La Direction Politique Nationale du PSU réunie le 5 Novembre 1978 affirme son soutien aux paysans et appelle au renforcement des comités Larzac, à soutenir et à populariser toutes initiatives dans ce sens.
Le mouvement des femmes remet en cause, dans les organisations traditionnelles, le poids du langage et le système du pouvoir. A Poitiers, les 17 et 18 novembre, un carrefour sera consacré au « Mouvement des femmes aujourd’hui, et à ses liens avec les mouvements syndicaux, sociaux et politiques ». L’un des apports des femmes, dans le travail politique, ce pourrait-être de rapprocher le politique des préoccupations quotidiennes. Le refus de l’accaparement du pouvoir par quelques-uns peut permettre aux femmes d’être parties prenante dans des organisations où elles seraient autre chose que des pions. Si la convergence de Poitiers arrivait à dessiner une image de ce type d’organisation, alors, peut-être, des groupes femmes pourraient, sans renier leur autonomie, se sentir à l’aise au Front autogestionnaire. Nous devons élaborer en commun un projet, plutôt que de nous soumettre à une ligne. Au-delà des luttes pour qu’il n’y ait pas de retour en arrière en ce qui concerne la législation de l’avortement ou contre les violences faites aux femmes, notre droit à exister, aujourd’hui, passe par la lutte contre le système en place et par des propositions luttant contre le discours politique qui exclut les femmes du monde du travail.
26 Octobre-1er Novembre 1978 • Claude-Marie Vardot
Née des prolongements de Mai 1968, la presse parallèle, qui s’est spécialisée dans la contre-information, a du mal à capter ses lecteurs, à s’imposer et à vivre. Les journaux comme Klaperstei 68, le Clampin libéré, la Criée, Fausse Commune, le Journal des Transparents, Anti-Intox, la Cote d’Alerte, le Parapluie ne sont plus que des souvenirs alors que certains ont tiré à plusieurs milliers d’exemplaires. Les raisons sont multiples mais souvent les mêmes : l’arrêt de leur diffusion est conséquente au départ de leurs animateurs ou encore parce que ces journaux ne trouvent pas une assise auprès de leurs lecteurs. L’analyse de Claude-Marie Vardot démontre qu’un certain professionnalisme est nécessaire pour capter le lecteur qui n’est pas habitué à faire un effort de lecture. Par ailleurs, il ajoute que la presse de contre-information ne peut vivre qu’avec un réseau de liaisons qui l’aide à vivre surtout dans les provinces dominées par un seul organe de presse. Le front autogestionnaire devrait ré-inventer la presse de contre-information, sans négliger les obstacles, lui donner une unité en tissant les mailles d’un véritable filet de contre-information avec une résolution collective des difficultés techniques car c’est un outil qui est nécessaire à toute lutte prolongée.