L’enseignement public et laïque est à sauver et à élargir. L’instruction, l’éducation et la culture comme l’enseignement se doivent d’être dégagés de toute contrainte politique, ou religieuse, et être indépendants des groupes d’intérêt. L’enseignement est menacé par la pression des forces économiques surtout dans le domaine de l’enseignement technique. L’Éducation nationale n’a pas assez de budget d’investissement et de fonctionnement et délègue au privé des fonctions essentielles. La culture populaire et les loisirs des jeunes sont placés directement sous le contrôle du Premier Ministre par l’intermédiaire du Haut Comité de la Jeunesse. Ces menaces sont d’autant plus graves qu’elles apparaissent au moment où les moyens de l’enseignement sont inadaptés à l’évolution technologique et industrielle. Le manque de locaux scolaires se fait sentir à tous les échelons de l’enseignement et la fonction enseignante est toujours plus dévalorisée. On peut s’interroger sur le fait que la formation professionnelle des adultes soit sous la tutelle du Ministère du travail. Devant ces menaces les forces de gauche doivent s’unir pour une contre-attaque et un programme d’action immédiate.
Donner un sens social au combat laïque, en particulier dans l’enseignement, est une réflexion des socialistes depuis la Libération. Il est nécessaire d’envisager une réforme de l’Enseignement en défendant sa gratuité pour son accessibilité à tous. Cette perspective humaniste qui veut mettre à disposition de chacun toutes les richesses de la culture et de la science et donner à tous les mêmes chances devant la vie est un objectif démocratique qui ne peut être atteint que par un grand service d’Education Nationale. Face à la politique des besoins, les démocrates et plus particulièrement les socialistes ont toujours préconisé une politique qui lie la promotion de l’homme et le progrès social. La laïcité est garante du progrès social dans la liberté. Notre tâche est de maintenir cette lutte dans son sens primordial en approfondissant de plus en plus nos analyses et en précisant sans sectarisme nos mots d’ordre.
Les crises du système de l’enseignement sont toujours liées à des crises sociales et politiques et non de difficultés relatives à la pédagogie et aux méthodes et objectifs de l’éducation elle-même. Aussi est-ce le moment pour notre parti et pour toutes les organisations syndicales et populaires de comprendre clairement qu’il faut bâtir une politique scolaire répondant à une situation nouvelle. Pour commencer, il semble important de faire front à l’offensive de la majorité parlementaire qui espère porter un coup d’envergure à l’école laïque grâce au soutien par « conventionnement » de l’enseignement confessionnel privé, qui se verrait ainsi assimilé à un service public. Par ailleurs, la politique éducative du régime est de plus en plus marquée par le rôle joué par l’Armée. La Loi de Janvier 1959 a étendu d’une façon menaçante les pouvoirs de l’armée. De l’école-caserne à l’Etat-caserne, voilà une évolution que l’on voit se dessiner, et qui s’épanouit d’ailleurs déjà complètement en Algérie. L’U.G.S. et, demain, le parti socialiste unifié, sont donc appelés à animer, avec toutes les organisations syndicales et démocratiques d’enseignants et de jeunes, une grande campagne de défense de la laïcité liée à une réflexion sur nécessité d’une transformation du système éducatif.