Ce texte en trois parties : définition de l’université, l’intervention syndicale, et perspectives présenté par l’équipe des E.N.S animée par J.TERREL est un long exposé sur l’analyse de l’Enseignement supérieur et ses perspectives de fonctionnement. La question de l’existence ou non d’un syndicalisme de masse reste posée et trouve ses limites compte tenu de l’hétérogénéité du milieu étudiant.
Depuis quelques années est organisé à la Sorbonne à l’initiative du « Centre d’études et de recherches des sciences humaines appliquées » pour les étudiants de Lettres des » cycles d’information sur la gestion et l’administration des entreprises « . Cette pénétration des entreprises dans l’Université est marquée par les besoins en » intellectuels littéraires » à des fins d’organisation du travail. Cet enseignement parallèle montre comment les patrons des grands groupes industriels exploitent les déficiences d’un enseignement théorique, sans lien avec la pratique sociale. Ils voudraient une culture taillée sur mesure pour répondre aux besoins de la production libérale. Face à cette offensive « réactionnaire », l’étudiant doit se poser la question de la finalité de son action dans l’organisation sociale toute entière.
En confrontant l’analyse de la pratique pédagogique à la réalité, l’auteur, s’appuyant sur le modèle explicité par L. Althusser dans son article sur la dialectique matérialiste explicite la confusion entretenue par l’Université bourgeoise entre le savant et le professeur. Il n’y a pas à proprement parler d’enseignement mais reproduction de modèles, de schémas imposés allant jusqu’à la désinformation et à l’incompréhension des étudiants qui intériorisant le modèle visent à reproduire le système. L’auteur affirme que la pédagogie contribue à développer les contradictions et a une fonction politique objectivement révolutionnaire.
Le problème de l’éducation et de l’enseignement est un problème capital pour l’Afrique nouvelle, où la colonisation laisse derrière elle une proportion moyenne de 80 % d’analphabètes. C’est donc l’une des tâches les plus urgentes auxquelles doivent s’attaquer les nouveaux Etats. Abdou Moumouni est Africain, agrégé de l’Université et aujourd’hui spécialiste de l’énergie solaire. Il a enseigné en Afrique à Dakar, Conakry, Niamey. Il a participé à la réforme de l’enseignement en Guinée. Il a donc été à même de comprendre pratiquement et d’analyser scientifiquement les questions posées. Abdou Moumouni dresse d’abord un bilan historique : il rappelle ce que fut le système d’éducation traditionnel et ce qu’il supposait d’humanisme spécifiquement africain ; il expose ensuite les données du système d’éducation tel qu’il fut appliqué sous le régime colonial — et plus particulièrement dans les pays sous domination française. La partie la plus importante de son ouvrage est celle où il trace en détail les lignes d’un véritable système d’enseignement, qui tienne compte à la fois des caractères traditionnels africains et des nécessités urgentes de l’essor que doivent prendre les pays nouvellement indépendants. En rédigeant ce plan immédiatement applicable, Abdou Moumouni apporte ainsi à la cause de l’indépendance africaine une contribution capitale.
MOUMOUNI Abdou
1964
21,7 x 13,8 cm, 399 p.
François Maspero