Mots-clés : Immigrés, Justice, Répression
Novembre 1979 • Michel Etienne, Pierre Lyon-Caen
« Nos libertés en miettes », un article de Michel Etienne qui démontre que l’évolution contemporaine des libertés individuelles ainsi que la réalité quotidienne conduisent à se demander si nous sommes toujours dans une société démocratique libérale. Nombre de textes exceptionnels et tribunaux spéciaux ont survécu aux circonstances qui les ont fait naître, tel est le cas de la Cour de Sûreté de l’Etat. La loi n’aura fait qu’entériner des illégalités commises depuis des années, dont l’emprisonnement clandestin des étrangers en instance d’expulsion, comme les arrestations sans base légale. Pierre Lyon-Caen, membre du Syndicat de la Magistrature, dénonce le mythe de l’indépendance judiciaire. Le texte adopté le 11 Octobre 1979 par l’Assemblée Nationale modifie la commission de recrutement des magistrats et les soumet de plus en plus aux orientations gouvernementales. Il s’agit là d’un renforcement des liens étroits de subordination qui lient le judiciaire à l’exécutif selon une tradition ancienne, souvent dénoncée, donnant un caractère mythique au principe traditionnel de l’indépendance de l’autorité judiciaire proclamé dans la Constitution. Pierre Lyon-Caen propose une justice composé de mandataires du peuple, libérés de l’influence du pouvoir exécutif comme de celle des électeurs et cependant en osmose avec ceux au nom de qui elle est censée rendre la justice.
Mots-clés : Algérie, Économie, Immigration
Septembre - Octobre 1979 • Denis Clerc
Nous devons une grande part de notre richesse au travail des immigrés. C’est grâce à eux que de 1946 à 1975, notre économie a pu connaître ce qu’on a pu appeler le « miracle français » et qui s’est traduit, entre 1950 et 1970, par une croissance du Produit Intérieur Brut (P.I.B.) égale à 5,5 % par an. Entre 1968 et 1975, les travailleurs immigrés ont occupé 42% des emplois industriels qui ont été créés au cours de cette période, en particulier dans le bâtiment et les travaux publics. Pourtant Lionel Stoléru, Ministre du Travail, a pour objectif de voir le nombre d’étrangers diminuer de 3 à 5% par an. Travailleurs très mobiles, corvéables, ne refusant ni les heures supplémentaires ni le travail au noir, les immigrés ont contribué à bâtir notre pays : c’est donc aussi le leur. Ils ont droit à en jouir s’ils le souhaitent. C’est ce droit que, tous ensemble, il nous faudra bien finir par imposer.
Mots-clés : Conditions de travail, Contrôle populaire, Élections présidentielles
Septembre-Octobre 1979 • Pierre Naville
L’autogestion, un peu comme le mot démocratie ou celui de socialisme, recouvre toutes sortes de concepts qui peuvent répondre à une mode mais il faut aller au-delà du bavardage. Dans un contexte de préparation des élections présidentielles de 1981 il est important pour le PSU de soumettre à l’examen la perspective autogestionnaire qui est la sienne pour en dégager en pratique autre chose qu’un discours de façade, sans prise avec les évènements. Pour Pierre Naville c’est dans le champ du travail que l’autogestion doit prendre tout son sens. Pour lui, l’action doit commencer par l’instauration du contrôle ouvrier et salarié. Il faut, pense-t-il, définir les unités de base du contrôle et s’interroger sur leurs mises en place, sur les difficultés de l’évaluation et de la définition des besoins. Cela revient à envisager la combinaison inévitable entre l’autogestion et un mode de planification nouveau qui sera expérimental et obligatoire. La question des hiérarchies de salaires et de fonction, comme la question de la diminution du temps de travail ne peuvent échapper à la réflexion de l’organisation autogérée. En outre, on se rend bien compte qu’une dimension européenne et non plus nationale doit être introduite dans la réflexion.
Mots-clés : Politique Économique, stratégie syndicale, Temps de travail
Juillet-Août 1979 • Michel Mousel, Claude Hauser, Jean-Yves Sparfel, Nicolas Géro, Pierre Belleville
Le dossier des 35 heures ou réduction du temps de travail est ouvert par les travailleurs, les syndicats et le patronat dans l’ensemble de l’Europe. Dans l’hexagone, la réduction du temps de travail est à l’ordre du jour d’une grand négociation entre le C.N.P.F et les organisations syndicales. La dernière rencontre du 18 juin s’est soldée par un blocage car les points de vue étaient diamétralement opposés. Michel Mousel, montre pourquoi le patronat propose d’assouplir la législation des 40 heures pour remplacer la notion d’horaire légal hebdomadaire par celle d’un horaire annuel, permettant plus de souplesse à l’entreprise selon les variations saisonnières de la conjoncture. La réduction du temps de travail avec maintien du salaire permettrait un renforcement des créations d’emplois selon les syndicats qui s’opposent au patronat, en particulier sur la remise en cause des avantages acquis. Jean-Yves Sparfel propose de nouvelles pratiques syndicales mieux adaptées à la réalité du terrain, Nicolas Géro ouvre le débat en prenant l’exemple allemand, enfin Pierre Belleville s’entretient avec José Sanchez et fait une analyse plus globale du travail salarié.