L’été a été marqué par la campagne antinucléaire dans toute la France. L’attentat de Fessenheim s’il est condamné par tous les militants, il souligne, néanmoins, le danger de ces centrales qui deviennent des bombes potentielles. La surveillance des sites nucléaires va entraîner une société policière et ce d’autant plus dans une société qui impose des tensions de plus en plus grandes à l’ensemble de la population. Il n’y a pas eu de vacances pour les préfets car tous les sites où il y aura des centrales nucléaires ont été des lieux de manifestations, de fêtes ou de colloques. Des rassemblements ont eu lieu à La Palme, sur le site de Plogoff, à Bourogne, à Braud et Saint Louis. Des campings gratuits et festifs on été organisés par les comités antinucléaires locaux et les sections PSU. Les agriculteurs se sont opposés aux CRS. Partout l’information a été donnée sur les dangers de la politique énergétique décidée par le gouvernement. Les agents de la Direction des études et de la Recherche d’EDF exige qu’un effort de recherche sur d’autres énergies soit fait.
Après dix ans de pouvoir de Boumediène, treize années après la déclaration d’indépendance (proclamée le 5 juillet 1962), et dix ans après le renversement de Ben Bella (le 19 juin 1965), on peut s’interroger sur l’orientation politique et économique du gouvernement algérien. Il est, par ailleurs, toujours difficile, dans l’extrême-gauche française —, et tout spécialement au PSU — de porter un jugement serein sur l’Algérie… D’abord parce que l’Algérie, à travers sa longue et douloureuse lutte de libération nationale, c’est un peu « l’accoucheuse » du PSU. Et surtout parce que nombreuses sont les questions non résolues. L’article ci-dessous est une première opinion dans cet important débat. L’Algérie se caractérise avant tout par ses contradictions mais aussi par l’improvisation et un grand volontarisme dans les orientations économiques et politiques et dans les enjeux proclamés. L’année 1975, sera pour l’Algérie l’année du grand tournant socialiste ou celle de la consolidation d’un socialisme d’État qui pourrait virer au capitalisme. C’est aussi la prolongation des luttes pour l’expulsion hors de la Méditerranée des puissances étrangères.
7-14 Juin 1975 • Michel Etienne, Jean Verger
L’aggravation de la crise économique et sociale est très nette et les mesures gouvernementales proposées ne réduiront pas le chômage. Le gouvernement Chirac propose de réduire la durée du travail par l’abaissement de l’âge de la retraite et par la diminution du temps de travail et favorise l’extension du travail partiel. Enfin il diminue les offres d’emploi en allongeant la scolarité ou la formation des jeunes à la recherche d’un premier emploi. Ces palliatifs ne visent qu’à réduire la demande d’emploi mais ne résolvent pas le problème du chômage. Le gouvernement n’agit pas au niveau des causes mais à celui de ses effets. Il voudrait lutter contre l’inflation mais ne se pose pas la question d’investir pour développer de nouvelles industries. Les mesures de Fourcade, Ministre de l’Economie et des Finances, vont accroître les difficultés de la petite entreprise et hâter la concentration des secteurs d’activité que le capitalisme français veut privilégier pour sortir de la crise. Trois ouvrages sur l’analyse de la crise par Jacques Attali, Michel Bosquet et une oeuvre conjointe de Samir Amin, A.Faire, Mahamoud Hussein et Gustave Massiah, sont présentés dans l’article de Tribune Socialiste.
Au Vietnam, après la victoire des forces révolutionnaires la page à écrire est une tâche d’une grande ampleur. Après l’accueil à Saigon, dans la liesse populaire, après le ralliement de la troisième composante, le gouvernement révolutionnaire met en place sa politique de « concorde nationale ». La volonté affirmée par le gouvernement révolutionnaire de faire table rase de l’ancien régime, d’éliminer toute séquelle de la domination impérialiste, d’instaurer un pouvoir populaire et d’étendre la réforme agraire, ouvre la voie vers le socialisme. Cependant tous les problèmes soulevés démontrent que la tâche est ardue et on peut s’interroger sur les réactions de Pékin comme de Moscou. La solidarité avec le Vietnam est plus que nécessaire pour la remise en route d’une économie exsangue et pour faire face aux besoins matériels de première nécessité.