Reprenant le mot d’ordre de « Pouvoir ouvrier » de Mai 1968, le PSU propose à tous les travailleurs de se battre pour imposer un contrôle ouvrier contestant radicalement le pouvoir absolu du patronat et de l’État. C’est sur le contrôle du droit au travail (embauches, licenciements ou santé de l’entreprise), le contrôle des conditions de travail (règlement intérieur, cadences, conditions sanitaires, durée du travail) et le contrôle sur la formation professionnelle et le recyclage que le PSU entend mener les luttes. Il dénonce la remise en question de l’avancée salariale gagnée en Mai et demande l’instauration de « l’échelle mobile » des salaires. Cette proposition consiste à réajuster les salaires en fonction du coût de la vie. Enfin il revendique le respect des droits syndicaux dans les entreprises.
20 Mars 1969 • Alain Badiou, André Garnier, Manuel Bridier
Au congrès de Dijon, Alain Badiou, André Garnier et Manuel Bridier présentent des remarques critiques sur la thèse 4 qui définit le prolétariat comme l’ensemble des hommes et des femmes qui vendent leur force de travail. Leurs interventions posent le débat sur la question des bases sociales, du travail productif et du travail improductif. Alain Badiou affirme que si le Parti adopte la définition du prolétariat uniquement sur la participation à l’outil de production, il s’interdit toute analyse sérieuse des rapports de classe en France et sera incapable de définir une stratégie révolutionnaire. Manuel Bridier incite les congressistes à poursuivre le débat et à réfléchir à une nouvelle définition du prolétariat dans la société contemporaine et l’extension de celui-ci à de nouvelles couches. il affirme le rôle concret d’un ensemble plus large du prolétariat dans le processus de production.
Le PSU doit améliorer considérablement ses structures de fonctionnement sans remettre en cause à ce Congrès ses statuts. Le texte définitif de la thèse 14 propose une nouvelle organisation du Parti. À partir de l’expérience de cette nouvelle proposition, le prochain Congrès en tirera les conséquences statutaires.
Tandis que le Congrès adopte massivement les « 17 thèses » qui étaient soumises à sa discussion, il se divise sur la question du référendum d’avril ; le boycott de la consultation préconisé par le bureau national, position commune de Michel Rocard et de Marc Heurgon, est mis en minorité : une majorité de délégués a considéré que le refus de cette consultation n’était pas possible et a préconisé le vote « non ». Les sections étudiantes ont majoritairement penché pour le « non ». Un débat autour des nouvelles classes sociales obligeant le Parti à envisager de nouvelles méthodes et formes d’action a été ouvert par Manuel Bridier, Alain Badiou et André Garnier. À l’issue de ce congrès difficile, Marc Heurgon renonce à ses fonctions de secrétaire à l’organisation. Ne se sont pas représentés également Christian Guerche et Jean-François Pertus. Michel Rocard reste secrétaire national.