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Jacques
Sauvageot

Des idées pour un socialisme du XXIe siècle ?

Mouvements sociaux et quartiers populaires

Les quartiers populaires, en trente ans, ont changé avec le déclin des emplois ouvriers traditionnels, le développement du groupe « employés », notamment avec les emplois de service. La population de ces quartiers est très diverse ; la part de populations « étrangères » et « issues de l’immigration » a beaucoup augmenté. Ce sont des quartiers dans lesquels la ségrégation spatiale est à la fois sociale et ethno-raciale. C’est à partir des années 80 que s’est développé un discours de discrimination autour du « problème des quartiers » : les quartiers populaires ouvriers sont devenus des quartiers « difficiles ».
D’où les demandes de reconnaissance mises en avant dans les mouvements qui se sont développés surtout après 2005.
Le rapport écrit en 2013 par Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache (« Pour une réforme radicale de la politique de la ville… ») met l’accent sur le pouvoir d’agir des citoyens, la nécessité de démocratiser la politique de la ville en co-décidant réellement avec les habitants, en créant des possibilités de rencontres entre ceux qui habitent et ceux qui travaillent dans ces secteurs.

Marie-Hélène Bacqué est sociologue et urbaniste, professeure à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense : elle dirige le laboratoire Mosaïques LAVUE. Elle travaille notamment sur les transformations des quartiers populaires et la démocratie urbaine en France et aux États-Unis. Elle a co-rédigé un rapport sur la participation dans les quartiers populaires (remis à François Lamy, alors ministre de la Ville, en juillet 2013). Elle a co-dirigé plusieurs ouvrages collectifs, dont, à La Découverte, Le Quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales (avec Jean-Yves Authier et France Guérin, 2007) et Démocratie participative, histoires et généalogies (avec Yves Sintomer, 2011). Elle a par ailleurs participé, avec Mohamed Mechmache, à la création de la coordination nationale des quartiers populaires « Pas sans nous. »
Mohamed Mechmache est porte-parole d’ACLEFEU, co-président du collectif « Pas sans nous ». Ancien éducateur de rue, il apporte un regard de terrain, du vécu. Il constate que depuis trente ans, beaucoup de temps a été perdu : aux demandes pacifiques d’égalité des droits on a répondu par la répression, la recherche de coupables, la dénonciations de communautarismes… La politique de la ville, censée réduire les inégalités les a accentué ; les problèmes de conditions de vie et d’emploi se sont renforcés ; les promesses n’ont pas été tenues. D’où le développement d’un sentiment d’exclusion, auquel on peut répondre par un travail de coordination entre différents mouvements, dans des secteurs différents, de nouveaux outils comme la démocratie d’interpellation, la présentation aux élections de listes spécifiques, la création de lieux gérés par les habitants et susceptibles de créer des liens.