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Jacques
Sauvageot

Des idées pour un socialisme du XXIe siècle ?

Au-delà du ciel. Cinq ans chez les Khmers Rouges.

Cote : PICQ

Laurence Picq, probablement la seule occidentale qui a vécu au Cambodge sous le régime khmer rouge, a écrit son livre-récit « Au-delà du ciel » (1) en 1984, trois ans et cinq mois après son retour en France. A l’approche du procès de Ieng Sary, l’ex-chef de la diplomatie du Kampuchea Démocratique, qui s’ouvrira devant le tribunal mixte khméro-international à Phnom Penh à la fin juin, il est particulièrement intéressant de lire ou de relire ce témoignage, unique regard d’une Française qui, mariée à un intellectuel khmer rouge, s’était enthousiasmée pour cette révolution de la forêt, avant de subir, comme tant d’autres, une cruelle déception devant la dérive paranoïaque et xénophobe du régime. « Tout n’avait été qu’illusion et comédie ! », écrit Laurence Picq vers la fin du livre, en apercevant des horizons infinis de rizières en friches lors de sa longue fuite en 1979, avec ses deux filles âgées de cinq et sept ans, devant l’avancée fulgurante des soldats vietnamiens. Le ton nuancé de la narratrice, son regard humaniste et scrupuleux, sa description fouillée des rapports entre ses compagnes et compagnons, la plupart piégés, comme elle, au sein du ministère khmer rouge des affaires étrangères à Phnom Penh, restitue un univers de peur et d’oppression, mais où les moments de beauté, les gestes de courage existent aussi, comme au travers d’une rencontre avec des vieilles villageoises, près de la frontière thaïlandaise, ou lorsque ses compagnes de fuite allaitent son bébé, qu’elle ne peut nourrir, trop épuisée. Ce bébé mourra pendant la marche sans fin à travers les forêts et les montagnes du Nord-Ouest cambodgien.

PICQ Laurence
1984
24 x15 cm, 216 p.
Editions Bernard Barrault