Institut
tribune
socialiste

Centre
Jacques
Sauvageot

Des idées pour un socialisme du XXIe siècle ?

L’eurocommunisme

Cote : CLAU

L’eurocommunisme hésite encore à se reconnaître comme tel, il doute de lui et se nie en même temps qu’il s’affirme. Tant en ce qui concerne les problèmes internationaux que ceux de politique intérieure, les trois principaux partis eurocommunistes, italien, français, espagnol, ont jusqu’à présent refusé toute discussion de fond et toute position commune. L’une des raisons de cette attitude — comme l’a montré le sommet de Madrid — est la crainte d’aggraver l’affrontement avec Moscou. Malgré tout, la résistance à l’action conjointe est probablement due à l’incertitude de chaque parti sur sa propre politique. Les trois partis oscillent entre la tentation social-démocrate — réduction de la voie démocratique au socialisme à une simple réformisme social-démocrate — et la volonté de tout faire pour créer les conditions d’une alternative socialiste à la crise du capitalisme. Tous trois annoncent une démocratisation interne, mais ne se décident pas a se défaire du centralisme antidémocratique. Tous trois disent avoir surmonté leur passé stalinien, mais continuent de reculer devant le dévoilement total de la vérité historique. L’eurocommunisme contient la possibilité et l’espoir d’une résolution — dans le capitalisme mûr — de la crise générale du mouvement communiste. Mais ce sera peut-être aussi son chant du cygne. Cette incertitude ne doit pas seulement préoccuper les communistes, mais aussi toutes les forces qui se situent dans la perspective socialiste, car il est aussi problématique de concevoir la transition socialiste en Occident sans les communistes que sans les socialistes. Si la pratique de l’eurocommunisme ne tient pas ses promesses et si le socialisme ne dépasse pas le réformisme social-démocrate, le capitalisme pourra se rétablir à nouveau, et le chemin du socialisme se fermera une fois de plus en Europe pour une étape de durée indéterminée. Chemin étroit, difficile, hérissé d’écueils : ce serait une illusion que de le nier. Mais c’est le seul chemin possible et il doit être tenté. Car l’unique alternative au socialisme reste la barbarie. L’auteur : Fernando Claudin était dirigeant des Jeunesses communistes espagnoles avant la guerre civile, à l’époque où Santiago Carillo était, lui. dirigeant des Jeunesses socialistes, Santiago « Carillo ayant adhéré au parti communiste en 1936. Fendant la guerre civile. Fernando Claudin a été élu au Comité central du paru communiste, puis, en 1947, au Bureau politique et, en 1956, au Secrétariat du Parti. Exclu en 1964. il est. depuis, resté indépendant. Il est l’auteur de La crise du mouvement communiste international (éditions Maspero, 1972) et de Marx et Engels et la révolution de 1848 (à paraître aux éditions Maspero). Il vit actuellement à Madrid. .

CLAUDIN Fernando
1977
22 x 13,5 cm, 151 p.
François Maspero